Objet curieux que cette bande dessinée chapitrée en courts récits de quelques pages, gravitant autour de (re)découvertes culinaires par un personnage de prime abord énigmatique, au final sans réelle consistance. Lancé dans ma lecture en quête d'un fil rouge, ce n'est qu'en renonçant à tout "récit" en tant que tel que j'ai pu apprécier tout le sel de Le Gourmet solitaire.
Les "aventures" de notre héros sont toujours articulées de la même façon. Un chapitre. Un restaurant. Un plat. Parfois une saveur remémore un souvenir, de temps à autre une réflexion plus ou moins profonde, presque toujours une photographie sociétale d'une société japonaise diverse et bigarrée à l'image d'une tradition culinaire riche et peu connue par les occidentaux que nous sommes, gavés de sushis fast-food interchangeables. C'est cet aspect là avant tout qui m'a séduit, explorer le Japon via ce tokyoïte arpenteur de faux bouis-bouis nippons, dont les états d'âme bien légers ne sont qu'un décorum, la cuisine est le vrai personnage de ce manga.
Reste un choix cornélien à faire avant de se lancer. Lire le ventre creux et saliver à chaque chapitre au point de gargouiller et pester de ne pas avoir suffisamment d'ingrédients sous la main pour tenter quelque chose de similaire aux fourneaux ? Ou se gaver la panse d'importance au préalable pour une lecture plus distanciée ?
J'ai essayé les deux, aucune ne m'a parfaitement convenu.