La saga de "Sin City" continue, égale à elle-même (c'est-à-dire tout simplement au sommet du genre), barbare et - graphiquement - magnifique, remplie de visions dantesques, chantant la sourde malédiction d'une humanité condamnée au chaos et à la haine, à l'auto-destruction bestiale et cruelle.
Maniériste, excessif, le style de Frank Miller transcende et prolonge l'univers traditionnel du film noir en lui conférant une profondeur quasi-mythologique (voir le splendide écho final de la Bataille des Thermophyles), comme seul l'Art de la BD peut sans doute le faire : quelques traits hachés sur une page noire, deux "arrêts sur image" tétanisants, suffisent à conférer à une scène de massacre une profondeur inédite, là où le désespoir absolu touche au sublime.
[Critique écrite en 2006]