Jean-Marc Jancovici a ceci d'énervant qu'il enfonce les portes ouvertes avec fracas qu'il a lui-même ouvertes.
En clair, il a été relativement visionnaire en proposant dès 2001 la mesure du bilan carbone.
Il en a fait son cheval de bataille (il est passionné) et son gagne pain (il multiplie les conférences sur le sujet).
On pourra également le taxer d'égocentrisme dans la manière dont il est mis en scène dans Le monde sans fin.
Pour l'occasion, il s'associe au dessinateur Christophe Blain (Isaac le pirate, Gus, Quai d'Orsay...).
Si on ne lira pas la BD documentaire pour le graphisme (très moyen), les dessins sont explicites. Les illustrations sont idoines et essaient de rendre le sujet moins stressant.
Sur le fond, la BD est donc un essai sur le Réchauffement climatique et par là même sur le Développement durable.
Le tout est bien documenté, d'une richesse d'informations incroyable pour se faire une idée sur les enjeux climatiques et la complexité des réponses.
Plus précisément, l'ouvrage montre combien notre société est liée au Carbone (charbon, pétrole, gaz...). Et combien ce même carbone disponible en quantité quasi infinie a permis de développer puissance de production industrielle et agricole.
Le duo d'auteurs repose clairement les nombreux défis pour limiter la hausse de température de l'atmosphère : productivité, déplacement, alimentation, espace de vie, partage des richesses...
Hélas, mille fois hélas... Arrive la page 139 qui met en lumière le biais de Jean-Marc Jancovici : selon lui, le nucléaire est le seul moyen de limiter la catastrophe.
Sa croyance le pousse à ne citer partiellement qu'une seule source (UNSCEAR) et donc de mentir par omission au risque de décrédibiliser tout le reste !
Je ne citerai que 2 sources contradictoires :
- le rapport publié sur le site du sénat français,
- le wikipedia sur la catastrophe de Tchernobyl - cf. paragraphes "Décès" et "(Conséquences) Écologiques".
Enfin, si l'exposé est très complet sur les trajectoires passées et futures (si rien n'est fait), la chute de la BD est brutale.
In fine les propos laissent peu de place à :
- la transition écologique = le "Et... Et..." (non évoqué),
- la mutation de notre système économique (non évoqué),
- la décroissance que l'auteur croit inévitable (p123 -cf. ses nombreuses interviews).
Pour le coup, moins consensuel et donc moins vendeur ^^
On retiendra donc une BD riche en informations, parfois même trop longue dans un souci de complétude mais qui pêche par une vision partielle et partiale de la Transition écologique vers une société mondiale décarbonée.