Le franc suisse
Troisième volet de l'équivalent masculin de Barbie journaliste, celui-ci nous emmène pour de paisibles vacances à la montagne avec son ami Jeanjean, du moins, jusqu'à que... Si la série peut paraitre...
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le 3 avr. 2018
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Ma deuxième incursion dans l'univers de Lefranc semble confirmer l'impression laissée par le premier opus que j'ai lu. On tient là un titre solide, qui n'atteint certes pas les sommets d'autres séries que je tiens en très haute estime, mais qui a de solides arguments. Dernier épisode entièrement réalisé par Jacques Martin (qui laissera ensuite le dessin à plusieurs successeurs), l'ensemble ne manque pas de paradoxes. Ecrit dans les années 60, cet épisode pourra sembler, à certains égards, un brin vieillot avec son héros athlétique qui excelle dans tous les domaines, son compagnon Jean-Jean qui semble tout droit sorti d'une Bibliothèque Verte et des péripéties parfois trop spectaculaires pour être honnêtes. Si certains points sont sans doute vrais, l'ensemble brille quand même plutôt par la finesse de son antagoniste qui donne son nom à cet opus, à savoir Axel Borg. Axel Borg, c'est un peu le Olrik d'EP Jacobs, mais en moins romanesque et moins bouffon. L'homme est l'incarnation du Mal mais son physique et sa personnalité sont complexes et font la richesse de ce troisième épisode.
Si, à première vue, Guy Lefranc est un personnage trop lisse pour être vraiment passionnant, on devine assez vite que lui et Borg incarnent deux facettes d'une même personnalité, ainsi que Borg l'explique lui-même à son ennemi. Le propos est intéressant et la lutte entre les deux personnages n'en est que plus passionnante. Curieusement pourtant, on tique sur certaines facilités du scénario. Insaisissable comme il se présente, on regrette qu'Axel Borg soit aussi facile à dénicher. La première partie de l'histoire, qui se situe dans une station de ski suisse, ouvre de belles perspectives dont les portes se referment sûrement trop tôt. Lefranc est trop malin pour être convaincant : il trouve Borg comme on trouve une église au milieu d'un village, saisit un indice quasi invisible à l'oeil nu qui lui permet ensuite de le retrouver dans une seconde partie qui se déroule à Venise. Tout ceci est un peu gros et facile. La faiblesse de ce titre est là : les enjeux sont intéressants mais pas aboutis, et les résolutions trop simples. Jacques Martin empile les éléments pour rendre son intrigue palpitante, mais il ne prend pas le temps de les développer. Dans l'idéal, ainsi, il aurait fallu sûrement deux tomes pour traiter tous les enjeux soulevés.
La façon quelque peu rapide de les résoudre ou de les refermer peut laisser le lecteur sur sa faim. Cependant l'histoire se tient bien et le "méchant" à la hauteur. Si certains dialogues sont parfois trop naïfs pour un public totalement adulte, ce dernier y trouve largement son compte. L'action est bien menée, le premier degré totalement assumé, on n'est pas là pour rigoler, et on a bien compris qu'on a besoin d'un héros de la trempe de ce jeune blond athlétique pour empêcher le vilain brun aux trempes grisonnantes de mettre le monde à genoux. Le dessin est de qualité, même si les visages des différents personnages sont un vrai point faible, les décors et les paysages très soignés comme dans toute BD franco-belge qui se respecte. Les atmosphères sont parfaitement rendues (des villages neigeux de la Suisse à la Ville éphémère sous la lumière du jour ou en pleine nuit) renforçant la qualité de l'ensemble. On regrettera simplement que certains épisodes paraissent bâclés, à l'image d'une fin pliée en six cases alors qu'un grand final aurait été plus conforme à l'attente suscitée.
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Créée
le 18 avr. 2022
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