Le Papyrus de César, c’est un peu comme un banquet gaulois où le sanglier manque de cuisson. On y retrouve les ingrédients habituels qui font le charme de Astérix, mais l’assaisonnement manque de piquant. Jean-Yves Ferri et Didier Conrad, les successeurs officiels, nous offrent ici une aventure sympathique, mais qui peine à retrouver la saveur des festins concoctés par Goscinny et Uderzo.
L’intrigue démarre sur une idée pourtant prometteuse : César, en pleine promo pour son livre La Guerre des Gaules, décide de passer sous silence un chapitre gênant sur nos chers irréductibles Gaulois. Mais voilà qu’un journaliste avant l’heure s’empare de ce précieux papyrus et court prévenir nos héros. On sent la volonté de moderniser la formule, avec des clins d’œil aux médias et à la communication politique, mais le tout reste un peu tiède.
Visuellement, Didier Conrad s’en sort bien. Le dessin respecte l’esprit d’Uderzo, et les cases regorgent de détails charmants. Les expressions des personnages, les paysages familiers, tout est là pour nous replonger dans l’univers de la Gaule… sauf peut-être l’étincelle magique. On sent parfois une certaine retenue, comme si le trait hésitait à sortir du cadre.
Côté écriture, Ferri propose des dialogues qui oscillent entre hommage respectueux et humour convenu. Les jeux de mots sont présents, mais ils manquent souvent d’audace. Là où Goscinny excellait dans l’art de la satire subtile et des calembours mordants, Le Papyrus de César semble jouer la sécurité, comme un Gaulois qui aurait oublié de boire sa potion magique avant de partir au combat.
Quant aux personnages, ils restent fidèles à eux-mêmes : Astérix est toujours aussi malin, Obélix toujours aussi gourmand, et César toujours aussi calculateur. Mais les nouveaux venus, comme Bonus Promoplus, manquent de relief. Ils font sourire, mais ne laissent pas une empreinte durable dans l’univers. Même Idéfix, d’habitude si dynamique, semble ici un peu fatigué.
Cela dit, tout n’est pas perdu. Certains gags fonctionnent bien, et le clin d’œil au monde moderne, bien qu’un peu timide, ajoute une couche intéressante. Les fans de la série retrouveront avec plaisir leurs personnages préférés et leurs habitudes, mais ceux qui espéraient une aventure mémorable risquent de trouver le papyrus un peu… froissé.
En résumé : Le Papyrus de César est une aventure agréable mais sans grande ambition. Ferri et Conrad maîtrisent les codes, mais peinent à insuffler une vraie originalité. Un bon moment pour les nostalgiques, mais qui laisse un arrière-goût de sanglier à moitié cuit. Une potion magique qui manque un peu d’ingrédients.