Le papyrus de César est un miracle. Après la mort de Goscinny le destin de la série était plus ou moins bienheureux au gré des sorties d'albums. Il y a deux ans, Jean-Luc Ferry, excellent auteur de l'écurie Fluide Glacial à l'univers bien spécifique (lire "Aimé Lacapelle" ou "le retour à la terre") et Didier Conrad, dessinateur caméléon, ont repris la franchise avec un "Astérix chez les Pictes" poussif et peu inspiré. Les ingrédients étaient là, mais le résultat sentait la recette sans âme.
Leur nouvelle collaboration sur cette histoire se déroulant surtout dans le village fait vraiment plaisir. Une thématique royale et d'actualité (l'information), un scénario rythmé et construit jusqu'au bout, des trouvailles humoristiques heureuses et surtout réellement drôles : jeux de mots, référence au monde moderne, allusions, running gag, noms des protagonistes. Les personnages emblématiques prennent de l'épaisseur, à part peut-être Astérix, on a l'impression de retrouver de vieux amis, ce qui n'était pas la cas chez les Pictes, avec des caractères plus fouillés, notamment Obélix dans toute sa splendeur, Abraracourcix et Agecanonix...Le dessin de Conrad est plus abouti que le précédent opus et s'approche de celui d'Uderzo tout en apportant son propre génie.
Globalement, les auteurs ont respecté l'univers et les codes du monde gaulois sans les dénaturer. Certains trouveront même l'histoire un peu trop classique, ce qui en l’occurrence n'a pas d'importance et last but not least, l'épilogue final est émouvant et d'à propos.
C'est vraiment le meilleur album depuis "Astérix chez les Belges". On avait déjà remarqué avec "le domaine des Dieux" le dernier film d'animation et dans une moindre mesure le sous-estimé "au service de sa majesté" qu'il était possible de prolonger l'univers de Goscinny avec de bons auteurs. "Le Papyrus de César" le confirme.
Que les repreneurs de Lucky Luke, pour ne donner qu'un exemple, en tirent les bonnes conclusions !