Séduit par le tome précédent, c’est enthousiaste que je me suis lancé dans ce quatrième volume des aventures de « Sillage »…
…Eh bah bien mal m’en a pris !


Ouch ! Qu’elles font mal les premières pages !
Tous les griefs des deux premiers tomes et que j’avais eu tendance à oublier dans le troisième reviennent ici pleine face et violemment.
Ah la la ! Mais que c’est triste formellement parlant !
Le trait pauvre. L’enchainement des cellules qui ne parvient pas à dérouler clairement l’action. Et surtout ces arrières plans totalement ou partiellement vides !
Trois cases sur quatre, on doit se contenter d’un simple dégradé fait à la palette. Pourquoi s’emmerder à dessiner un décor alors que « ça va ! Cette pièce on l’a déjà vue en début de page, je vais pas te la dessiner à chaque fois non plus oh ! »


Ce début de tome c’est vraiment la triste illustration de ce que la palette graphique a apporté de pire à la B.D.
Parcourir les premières pages de ce tome 4 ce n’est pas se délecter d’un bel objet conçu par un amoureux du dessin et de la composition. Non, c’est clairement s’enfiler un produit d’usine du même style de ceux qu’on trouve sur les aires d’autoroute et c’est franchement triste.
Et même si par la suite les choses s’arrangent parfois, avec ce début, le mal est fait.


En gros, lire « Sillage » – au regard de ce tome 4 – c’est clairement « juste pour le charme de l’intrigue ».
Or l’intrigue, ici, c’est définitivement bien plus un scénario de jeu de rôle médiéval que celui d’un album de bandes-dessinées.
En gros c’est encore un truc à base de « dans le monde de Froushfroushior, une légende dit que… Y’a plein de races différentes qui parmi lesquels les dofhfeioghfoghio, les fzdopfeiofioaf, les uikedfuiefuk qui ont été unis par la grande ndjklfqhdfjkledkl.
(…Pour information, sachez que pour les quatre derniers noms, je me suis juste amusé à pianoter au pif sur mon clavier. Eh bah franchement, je trouve que mes noms sont limites meilleurs que ceux que de cet épisode !)


Et vas-y que je te rajoute par dessus ça un univers médiéval sans originalité, avec ses talismans, ses histoires de démons, de rebellions…
Pfff…
Bon en gros c’est surtout un mélange de « Seigneur des Anneaux » et de « Thorgal ».
Rien d’original.
C’est triste.


Malgré tout, au bout d’une vingtaine de pages, l’intrigue commence enfin à sortir des poncifs et du simple fan service.
Tout d’abord on se retrouve avec un petit retournement de situation qui donne un peu de profondeur et de subtilité à cette histoire qui, jusqu’à présent, était plate comme la mort…


(Je pense notamment au fait qu’on se rende compte que Big Yeti n’était pas un scruteur de Sillage parti dans un trip mégalo mais qu’au contraire il s’est insoumis face aux agissements délictueux de Perso-Random-de-Star-Wars bleu ; personnage qu’on nous avait pourtant présenté comme un gentil.)


Et puis il y a quelques astuces périphériques que j’ai trouvées malicieuses.


(Moi par exemple, le fait qu’on retrouve Nävis dès le départ avec son tigre alors que ce dernier était mort lors du tome 1, ça m’a paru tordu. Et puis finalement, vers la fin de l’épisode on découvre que c’est mini-C3PO qui était en fait caché dedans… Alors c’est vrai que ce n’est pas l’idée du siècle, mais ça a permis néanmoins de mobiliser du lore du l’univers « Sillage » et de l’utiliser au service d’une impression de progression, ce qui est plutôt pas mal.)


...
Malgré tout, ces quelques rares points positifs n’effacent pas pour moi la vacuité globale de ce tome.
D’ailleurs, à la fin, il y a dans cette conclusion l’impression qu’au fond il ne s’est pas passé grand-chose…


(…OK il y a une conspiration de corrompus au sein de Sillage. Mais c’est au fond la seule information qui est apportée par cet épisode.)


Et même si l’intrigue tente bien de s’attaquer à quelques personnages pourtant installés depuis le départ – histoire de donner de l’impact aux évènements – je trouve que ça ne porte pas du tout.


(OK Alienorange a trahi Nävis alors qu’il avait l’air d’être son pote depuis le départ… Mais qu’est-ce qu’on s’en fout au font d’Alienorange dans cette B.D., hein ? )


...
Le pire, c’est que tout ça me fait prendre conscience qu’en fin de compte, « Sillage » ne développe pas grand-chose de marquant.
Pas d’univers. Pas de personnage. Pas d’histoire.
Tout ça ce n’est qu’une accumulation de choses vraiment basiques, certes livrées avec beaucoup d’enthousiasme, mais qui (pour le moment) n’a finalement aucune épaisseur.
Et ce manque de profondeur et d’efficacité de toute cette machinerie est d’autant plus flagrant quand on prend la peine de s’intéresser au personnage de Nävis ; héroïne qu’on ne cesse de vouloir nous présenter comme une singularité époustouflante alors qu’elle n’est qu’une banale projection fantasmatique d’auteurs peu inspirés et en rut.


De toute façon, comment veux-tu qu’on perçoive une humaine comme singulière dans cet univers quand toutes les espèces rencontrées ne sont que des déclinaisons d’humains pas très inventives ?
Et puis quand tu constates que dans cet épisode tu as l’homme-chien qui bave sur les courbes de Nävis, quand tu constates que la princesse Trulula de la planète Floushfloushior n’est en fait qu’une énième Nävis qu’on aurait fusionné vite-fait avec un Tetsuo ou un Vegeta (selon la culture de chacun), eh bah tu te dis qu’il n’y a finalement rien pour singulariser une espèce par rapport à une autre, qu’il s’agisse de l’humanité ou des autres.


En fait il n’y pas de fond dans « Sillage ».
Il n’y a que de la diversité de surface, que de l’agitation pour donner l’illusion du mouvement…
Et autant le tome 3 m’avait laissé espérer une forme de maturation, autant ce tome 4 me ramène désespérément les pieds sur Terre.
…Une Terre bien plate ; bien loin du début de relief que j’avais cru apercevoir…
…Et visiblement à tort.

Créée

le 23 janv. 2021

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