Mature, intelligent, passionnant!
Le premier tome de Miracleman avait été une magnifique surprise, une véritable révélation tant j’avais été happé par la qualité, la profondeur et l’intérêt du scénario. Alan Moore nous dépeignant avec virtuosité l’histoire d’un homme, comme vous et moi, qui se découvre soudain des superpouvoirs ! Et toutes les galères que cela peut engendrer, notamment sur son couple. Pas facile de se retrouver avec deux personnalités dans un même corps, surtout quand le nouveau s’avère être capable de faire un enfant à sa femme…
Michael Moran a redécouvert son pouvoir de Miracleman. Mais le Docteur Emil Gargunza, l'homme à l'origine du Projet Zarathoustra, met son plan diabolique à exécution. Ses intentions de nuire à la femme et au futur enfant de Miracleman mènent à l'inévitable confrontation du créateur et de sa création.
Auteurs : Le scénariste originel, Mick Anglo, Alan Davis, John Ridgway, Chuck Austen.
(Contient les épisodes US Miracleman 5-10, inédits)
Et ce bébé va être au centre de toutes les attentions ! Déjà rien que par le duo Michael Moran/Miracleman. Car si les deux entités partagent le même corps, c’est bien Miracleman qui fait que la femme de Michael tombe enceinte, chose dont le journaliste était incapable depuis qu’ils étaient ensemble. Et l’on remarque très vite, que Michael est en retrait vis-à-vis de sa femme suite à cette grossesse. De la honte que ce ne soit pas lui, de la colère ou de la jalousie vis-à-vis de Miracleman, on ne le sait pas vraiment. Mais même Liz ne sait pas trop comment réagir face au surhomme, elle couche avec lui, mais même durant ces moments d’intimités elle ne semble pas sereine, heureuse, libre. Toujours est-il que durant la majeure partie de ce tome, c’est Miracleman qui est présent.
En même temps, c’est un peu normal vu que madame est kidnappée par le docteur Gargunza ! Et alors que nous suivons comment notre cher Miracleman va faire pour libérer la mère de son enfant à naître, à travers une discussion entre le docteur et sa captive, nous découvrons, en détail, comment Miracleman est né ! Entre science avant-gardiste, exemples extraterrestres et manipulation mentale durant le sommeil, Alan Moore nous offre des origines absolument fascinantes. Et l’on ne peut que saluer l’excellent travail que l’auteur effectue sur l’origin story de son personnage, nous offrant des racines passionnantes, intelligentes, qui mènent à réflexion et bien plus complètent que beaucoup de publications actuelles.
Plus nous avançons dans les recherches de Miracleman pour retrouver Liz, plus il s’énerve et plus nous réalisons qu’il n’est pas un super-héros, ni même un héros, il n’est qu’un homme se retrouvant avec des superpouvoirs, il n’est que le fruit d’une expérience d’un savant fou en quête d’immortalité. Et les retrouvailles entre la créature et son créateur démontrent que Miracleman est bien trop violent, bien trop border line pour être un héros. Ses actes parlent d’eux même !
A travers les actes de Miracleman, Alan Moore nous fait nous interroger sur les limites acceptables que les super-héros peuvent franchir. Un héros ne peut se laisser guider par ses émotions comme le fait Miracleman face à Gargunza et ses hommes. Ce qui fait d’un homme un héros, un super-héros, c’est justement sa capacité à dominer ses émotions, à ne pas les laisser le guider. On est loin du compte ici. J’avoue que j’ai été choqué, à moindre mesure, par les actes de Miracleman dans ce tome. Je ne m’attendais pas du tout à cela.
Et je ne m’attendais pas du tout à une telle violence dans les dessins, qui font ainsi parfaitement écho à ce que le scénariste raconte. C’est très violent par moment, voir au-delà même. Et que dire de la scène d’accouchement, où messieurs, si vous hésitiez à vivre celui de votre femme de ce côté de la barrière, vous serez ici exempt d’hésitation, vu que tout ce moment unique vous est dévoileé dans les grandes largeurs ! Surprenant !
Mais malgré ces deux surprises, les dessins, en grande partie du génial et inégalable Alan Davis, sont absolument magnifiques, avec une colorisation parfaite remise au goût du jour, pour une expérience artistique de toute beauté et qui n’a pas pris une ride !
D’autres points sont abordés à travers ces six chapitres inédits, comme ce qui arrive à notre pauvre Kid Miracle, après son affrontement dantesque avec Miracleman dans le premier tome, ou encore l’arrivée de ces deux inconnus, au langage bizarre qui semble traquer les personnes comme Michael Moran, et qui nous permettent de découvrir que d’autres comme Miracleman semblent se cacher parmi nous…
Bref, ce second volume confirme tout le bien que je pensais de ce titre après le premier tome. Un personnage en avance sur son temps, sous la plume innovante d’un Alan Moore inspiré qui nous offre des histoires d’une rare intelligence, d’une grande maturité. Le genre d’histoire que j’aimerais plus lire à notre époque.
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