Les Fruits sanglants par Kameyoko
Avant de commencer à parler de ce volume et des petites histoires, je voulais m'attarder avant sur l'édition.
En effet, Tonkam a réalisé un superbe ouvrage. La couverture est magnifique, angoissante et intrigante à souhait. Elle est semi-rigide, à rabat, brillante et avec un titre en relief. En un mot un bien bel ouvrage.
Le format est un peu plus grand que le format habituel et doit être du A5. Le papier lui aussi est de bonne qualité.
Cette qualité peut justifier le prix un poil élevé.
Ce n'est pas la première fois que je lis un recueil de nouvelles, et je dois dire que j'ai du mal avec ce type de format. En effet, la plupart du temps, le tout est inégal. On a de très bonnes nouvelles, et d'autres moins.
Et là, on est pile-poil dans ce cas de figure. Forcément le style graphique est relativement stable (et encore !) mais au niveau de l'intérêt, ça diffère vraiment en fonction de l'histoire.
Autant la première histoire « Fruits Sanglants » et la quatrième « Le Testament » sont vraiment très intéressantes autant la deuxième « L'épreuve du dédale » ou encore la sixième » Logique diabolique » le sont nettement moins.
Junji Ito est considéré comme le maître de l'horreur japonais. Je ne connaissais ce mangaka que de nom. Mais de ce que j'ai pu lire dans ce one-shot, cette « qualification » est tantôt méritée et d'autre fois beaucoup moins. Ce qui est sûr c'est que ces histoires sont très cinématographiques. Quand on lit les différentes parties, on ne peut que penser aux productions horrifiques du cinéma japonais : The Ring, The Grudge (pour le coté japonais on repassera, mais l'idée est là), The Eye...
On retrouve donc les thématiques très nippones pour l'horreur : revenants, vampire, fantômes... mais tout est traité de façon japonaise. Je reste persuadé qu'un auteur occidental aurait traité ces sujets bien différemment.
Forcément pour apprécier un minimum, il faut aimer ce traitement de l'horreur particulier, plus « spirituel » que les « slashers » américains ou européens.
C'est très difficile de critiquer ce genre d'œuvres dans sa globalité. En tout cas Juniji Ito arrive régulièrement à être original dans le traitement de certains poncifs (comme la 1ère nouvelle sur le vampirisme) ou encore l'histoire de la revenante qui s'est suicidée.
Mais la plupart du temps, le tout est assez prévisible (du moins dans les grandes lignes) et suit un cheminement classique. Néanmoins, suivre les déboires des personnages qui tombent dans l'horreur sans le vouloir, est intéressant. On sent la tension monter et le suspens peut être angoissant.
Au niveau de la mise en case, elle est assez classique et fait preuve, parfois, d'un peu d'exagération.
Le titre se révèle au final un peu angoissant mais ne fait jamais réellement peur. De même, si vous recherchez du gore, des viscères, des décapitations, vous serez déçus. Ce n'est pas ce type d'horreur ici. On va dire que c'est plus folklorique et plus basé sur la mort et tout ce qui est « ectoplasmique ».
De même certaines fins sont un peu décevantes, mais elles ont au moins le mérite de clore le chapitre définitivement.
Au niveau du graphisme, il est pas mal du tout. Junji Ito est assez réaliste dans son dessin en utilisant beaucoup de traits sombres. Il utilise beaucoup la dualité blanc/ noir avec peu de nuances de gris. Cela créé une atmosphère angoissante et presque poisseuse
Pour conclure, la qualité est assez inégale. Autant la 1ère et 4ème histoire sont très bonnes, autant la 2ème et 6ème, beaucoup moins. Les autres histoires sont sympathiques mais pas exceptionnelles.
Mais ce manga horrifique est globalement intéressant, mais pour moi, cela ne permet de qualifier Junji Ito de « maître de l'horreur ». C'est gentillet!
Et une conclusion plus personnelle est que le format recueil de nouvelles n'est pas fait pour moi.