La couverture de l'album est très suggestive, elle montre que des individus arrivent en un lieu, avec, au premier plan, un homme armé d'une hache. Cet élément, ainsi que le titre ("les hommes" sonne comme une prophétie) peuvent se percevoir comme un châtiment, une menace, ou quelque chose comme un couperet rompant brutalement avec l'ambiance chaleureuse et familiale qui baignait jusqu'alors dans le village de Notre-Dame-Des-Lacs.
Ce groupe d'hommes n'est pas à proprement parler une horde de vikings flairant l'or, le sang et les femmes autant que la couverture pourrait le laisser supposer (avec un peu d'imagination certes), il s'agit tout simplement de campagnards, bûcherons à leurs saisons, rentrant au bercail après trois mois d'élagage que la forêt a rendu sauvages et hostiles à toute forme de civilisation intellectuelle et raffinée.
De fait, la couverture est très représentative du chapitre dont il est question ici : les hommes constituent ici, à la fois un danger et le sexe opposé qui n'est pas séduit par l'étranger (à l'inverse de toute la communauté féminine du village), ils représentent la sauvagerie des environs, ils sont pour la plupart frustes, rustres, vulgaires, sales, puant, poilus, incultes, et en cela s'opposent radicalement à ce que représente serge, raffiné, propre sur lui, cultivé, intelligent, réfléchi et posé.
A mesure que le récit avance, il y a une intensité qui ne cesse d'amplifier, et parallèlement et en totale corrélation avec cette intensité, une tension entre les deux factions du village (pour faire simple les femmes + Serge face aux hommes) qui est très prenante...
« Les hommes » représentent donc l'antithèse de ce qu'est le binoclard venu de Montréal. Une opposition traditionnelle entre deux entités, vue et revue (au cinéma), mais repensée en BD dans le contexte spécifique du Québec en 1927. Très bien écrit et dessiné. Fascinant.
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