Belle plongée dans le passé de Double-Face
Nouveau tome de l’excellente collection DC Némesis, avec une nouvelle fois, un méchant de l’univers de Batman en couverture. L’excellent Paul Jenkins s’attarde sur Double-Face, aidé au dessin par un Jae Lee toujours autant inspiré. Forcément le tout est très alléchant, et j’espère à l’instar des précédents tomes, passer un excellent moment de lecture.
Une série de meurtres particulièrement sauvages plonge Gotham dans une terreur plus profonde que d’ordinaire. Le mode opératoire des carnages semble désigner comme suspect potentiel Double-Face, autrefois connu comme le procureur Harvey Dent et aujourd’hui fugitif, échappé de l’asile d’Arkham. En pleine crise de démence, Dent se débat avec sa double identité, chacune de ses personnalités cherchant à d’éliminer l’autre. En plein combat contre Batman et contre lui-même, le criminel perd peu à peu tout contact avec la réalité. (Contenu : Jekyll & Hyde #1-6)
Dans une Gotham extrêmement sombre, des meurtres d’une rare violence pullulent. Pour nous mettre dans l’ambiance, la première scène s’ouvre sur deux policiers découvrant les cadavres d’une femme dans une maison, de ses deux filles dans leur lit et le père devant la télé, en train de dévorer le cœur de son épouse ! Le décor est planté ! La folie meurtrière des fous œuvrant contre Batman, semble s’être propagée au gens lambda.
Les policiers et Gordon, ainsi que Batman, sont complètement dépassés par une telle violence, une telle rage dans ces meurtres. Et à chaque nouvelle scène de crime, l’horreur monte crescendo sans pour autant laisser le moindre indice, la moindre piste sur les causes de ces drames.
Pourtant, Batman laisse parler son instinct et ce dernier le conduit à aller rendre visite à un vieil ami, un certain Double-Face. Mais sa visite à l’asile d’Arkham va lui apporter une étrange information. La dualité d’Harvey Dent s’accentue et deux personnages se livrent bataille pour la possession du corps de l’ancien procureur. Du moins se livraient, car il semble qu’Harvey Dent se soit résigné à disparaître et dit au revoir à son ancien partenaire contre le crime ! S’ensuit une terrible explosion, une fuite, une course-poursuite, et démarre alors un voyage douloureux dans le passé de nos deux protagonistes…
Ce tome est un peu long à démarrer, mais parce que Jenkins ne centre pas son récit sur l’action, mais sur les explications de cette dualité chez Double-Face. Et il le réussit à merveille en mettant carrément un nom au personnage se battant avec Harvey Dent pour le contrôle de son corps. Et je dois bien reconnaître que je suis absolument fan de cette idée. Cela rend le combat au sein du corps de Double-Face encore plus tragique, et on ne peut s’empêcher d’éprouver une profonde empathie pour Harvey. Très bon travail sur ce méchant.
Mais très bon travail également sur Batman. On se retrouve avec un justicier bien mal en point, tourmenté, esseulé, mais pouvant toujours compter sur son fidèle Alfred. J’aime bien ces récits où l’on se prend en pleine face la fragilité du justicier.
Au niveau du dessin, qui mieux que Jae Lee pour nous offrir une Gotham si noire, si sombre, si malsaine, si parfaite pour ce genre de huit clos oppressant ? C’est un véritable régal pour les yeux. D’autant plus avec la colorisation de l’habituelle June Chung ! L’artiste réussissant toujours à sublimer les dessins de Jae Lee.
Quel dommage de ne le voir que pour trois numéros. Les trois derniers étant signés Sean Phillips. J’aime beaucoup cet artiste également, mais passer derrière Jae Lee et ses merveilleuses planches de Gotham version gothique c’est un suicide artistique… Vraiment décevant, sur une minisérie de seulement six épisodes de devoir se taper deux dessinateurs, rageant même. Surtout quand les deux styles cassent l’identité graphique !
Bref, une formidable odyssée dans le passé douloureux et l’esprit tourmenté des deux anciens amis, un Batman fragile et toujours pas en paix avec son passé et Double-Face qui, lui, doit vivre au quotidien avec le sien ! Si vous cherchez un récit mainstream, un blockbuster bourré d’action, passez votre chemin. Si vous cherchez un récit intéressant, un huit clos oppressant dans une Gotham malsaine et angoissante, ce tome est fait pour vous !