Si Les Tourments de Double-Face m'a quelque peu déçu, c'est à mon sens pour une unique raison : les dessins qui passent d'un artiste à un autre en plein milieu de tome. Sinon, c'est du très bon; imparfait, mais très bon. Le soucis vient surtout, à mon sens, de cette idée exprimée plus haut : quitter le magnifique coup de crayon de Jae Lee, qui collait parfaitement à l'esprit dérangé du personnage.
Le nouvel arrivant se révèle beaucoup trop cartoon, un poil trop léger, ça reste sombre, mais ce n'est plus du tout la même expérience visuelle que précédemment; il manque clairement un petit quelque chose, cette étincelle qui rendait le travail de Lee si bon, unique, atypique. Faut vraiment que je me renseigne sur son taf jusqu'à aujourd'hui, d'ailleurs.
J'ai parallèlement beaucoup aimé la réflexion profondément réfléchie de l'oeuvre sur la nature de la personnalité de Batman; reprendre les thèmes de Burton pour en faire quelqu'un de profondément dérangé, de schizophrène, c'était très bien vu. Après, ça plaira ou pas; personnellement, j'ai trouvé cela passionnant. A la différence prêt que c'est très bien exploité jusqu'à la fin, sorte de crescendo de folie.
Bon comic book, convaincante réflexion sur la nature profonde de deux hommes, Les Tourments de Double-Face porte également sur les Tourments de Batman; c'est une oeuvre sur la folie dissimulée d'un homme qui se déguise en bette de foire la nuit, pour n'en jamais voir le jour se lever. Les Tourments de Double-Face, c'est l'histoire de vies gâchées.