L'Île de Hôzuki
6.3
L'Île de Hôzuki

Manga de Kei Sanbe (2007)


On perçoit les choses vraiment différemment selon qu'on les regarde avec les yeux d'un enfant ou ceux d'un adulte.



Kokoro et Yume sont deux enfants qui ont été abandonnés par leur mère et ont donc été envoyés en centre de réadaptation sur l'île de Hôzuki.
À leur arrivée, ils découvrent qu'il n'y a que quatre autres enfants pour autant de professeurs.
Mais à peine leur emménagement terminé, les autres enfants les mettent en garde : l'île serait hantée et les adultes chercheraient à les tuer.



Un scénario simple mais haletant



L'île de Hôzuki est donc un seinen qui va proposer une histoire peu originale mais malgré tout efficace qui va poser son contexte en premier temps avec les avertissements des autres enfants, la menace des adultes envers eux, et l'apparition d'éléments surnaturels, avant de s'engager sur une seconde partie qui sera le cœur du manga, à savoir la tentative de fuite de l'île.


Une partie beaucoup plus orientée thriller puisque les enfants seront coursés et menacés en permanence en se retrouvant parfois seuls ou à plusieurs face aux adultes. L'auteur parvient à gérer les moments de tension et à nous proposer plusieurs rebondissements si bien qu'on n'a pas le temps de s'ennuyer.


Néanmoins je reste un peu déçu par la fin rapide et par l'épilogue trop basique qui diffère beaucoup du reste de l'œuvre. Aussi, même si la tentative de fuite demeure palpitante et riche en rebondissements, je dois avouer que j'ai préféré la première partie qui demeure plus angoissante, un huis clos aurait pu être tout aussi intéressant même si ça aurait rendu l'histoire moins riche.


Malgré le nombre restreint de volumes, SANBE Kei parvient à nous tenir en haleine en narrant son histoire du point de vue des enfants, les adultes semblant ainsi beaucoup plus menaçants. Il y a donc toute une montée de tension lorsque l'un des protagonistes se retrouve isolé ou lorsque l'auteur s'attarde sur les échanges des adultes qui sont souvent à double sens.


On notera également la présence de fan service qui accentuera ce sentiment de danger pour l'un des protagonistes mais qui sinon demeure assez forcé dans l'ensemble, notamment avec la professeure d'E.P.S., Mademoiselle KAI Yukino.


Malgré ce synopsis, il est néanmoins préférable de vous avertir : l'histoire est faussement orientée horreur. Bien que teintée d'éléments surnaturels (avec le fantôme de la jeune fille par exemple), il s'agit plus d'un thriller course-poursuite, certes assez angoissant par moment, notamment grâce à un découpage des cases classique mais efficace et des scènes plus ou moins violentes, mais on est loin d'un survival avec des morts gores et des meurtres à tout va.


Il est vrai que le ton de l'histoire est assez sombre, notamment dans ses thématiques qui seront malheureusement peu développées (abandon d’enfant, tentative de suicide), mais les touches d’humour disséminées ci et là viennent alléger l'ambiance.


Ainsi, même si le titre peut sembler à première vue destiné à un public plus âgé, il sera également facilement abordable et divertissant pour un plus jeune public.



Des personnages fonction mais auxquels on s'attache



En ce qui concerne les personnages :


Suzuhara Kokoro et Suzuhara Yume : Frère et sœur abandonnés par leur mère, ils sont envoyés sur l'île de Hôzuki.
Kokoro est un personnage efficace qui va chercher à s’échapper de l’île pour veiller sur sa petite sœur aveugle. Yume est assez discrète mais attachante malgré tout en raison de sa cécité et de ses remarques souvent pleines de bon sens. Ce sont au final des héros classiques mais qui demeurent agréables.


Fujii Shûichirô : A échappé à la mort lors d'une tentative de suicide de sa mère.
Un enfant très intelligent qui déduit vite et prêt à tout pour s’échapper de l'île. Un personnage en soi intéressant et sans doute l'un des plus développés.


Les enfants : Rikiya, Hatsune et Futoshi.
Les autres camarades qui auront des personnalités assez classiques, le bagarreur, celui qui a peu confiance en lui et la fille muette suite à un traumatisme d'enfance.


Les professeurs : Mr. Toyoda, Usui et Kuwadate, Mlle Kai.
Là encore, on retrouve des personnalités classiques vues et revues : le vieux directeur, le prof coincé, la prof bienveillante... Néanmoins tous seront effrayants et on ignorera jusqu'au bout si ils sont dignes de confiance ou non.


Ainsi comme on s'en doute, les personnages sont attachants mais sont plus des personnages fonctions qui servent à remplir leur rôle à un moment donné de l'intrigue. En dehors de cela, la plupart auront peu de développement, même si certains auront un background plus "étoffé" comme Suzuhara ou Hatsune, les autres en revanche demeureront très lisses. Cependant, ils sont suffisamment enrichis pour qu'on ait peur pour eux tandis que les adultes paraitront toujours énigmatiques et menaçants.



Un trait reconnaissable, brillant dans les expressions et les jeux d'ombres



Les dessins sont dans l'ensemble plutôt jolis en ce qui concerne les paysages, la première double page représentant Hôzuki est assez imposante par ailleurs. Il y a également un beau travail de fait avec les ombres, même si du coup toute la seconde partie du manga qui se déroule dans la nuit est très sombre, mais le dessin malgré tout regorge de détails telle la végétation que l'on peut voir sur la planche ci-dessus.


Le trait de Sanbe est assez reconnaissable, notamment par son chara design assez grossier et très similaire à ses autres récits (Shûichirô qui est le portrait craché de Kenya (Erased) par exemple). De plus, on notera le travail fait sur les expressions du visage qui sont très bien retranscrites, notamment celles des adultes qui avec les jeux d'ombre sont particulièrement saisissantes tant ils paraissent hostiles.



Simple mais déjà vu ?



L’île de Hôzuki n'est donc pas l'œuvre qui hantera vos nuits, mais elle a malgré tout le mérite de proposer une histoire prenante et divertissante avec son lot de rebondissements.


Sans être révolutionnaire dans le genre, l'auteur parvient en peu de tomes à nous attacher à ces personnages. Le manga se laissera volontiers relire tant un second décryptage peut être intéressant pour avoir un nouvel angle de vue sur la situation.


Ainsi, malgré des thèmes qu'il aurait été intéressant d'exploiter, l'auteur préfèrera nous proposer une course-poursuite haletante et qui fonctionne.


Une série courte mais efficace !

DuotakunoSora
6
Écrit par

Créée

le 19 déc. 2020

Critique lue 78 fois

1 j'aime

Duotaku_no_Sora

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