L'Île de Hôzuki par Kameyoko
La couverture annonce la couleur, ça sera sombre, inquiétant, angoissant et un peu malsain. D'ailleurs cette dernière est parfaitement réussie et reflète bien le titre.
Ce premier tome est une entrée en matière très réussie. On nous présente les différents élèves, les professeurs, les lieux, les rumeurs qui circulent, le passé des élèves...
Très rapidement, le lecteur est mis dans le bain. Dès le tour du propriétaire, des interrogations se posent. Tout cela sera renforcé dès que Kokoro et Yume discuteront avec les autres élèves, qui leur feront part de leur mise en garde, puis plus tard des évènements suspects et des rumeurs folles.
Petit à petit et très intelligemment, Kei Sanbe fait monter la pression, lentement mais sûrement. L'île et plus généralement les décors donnent une ambiance assez oppressante. Les enfants sont coupés du reste du monde et l'île présente quelques détails inquiétants comme une immense clôture entourant l'école.
C'est vrai que le coup d'utiliser une île pour un thriller angoissant est du déjà-vu, mais cela reste efficace si le scénario suit. Ce qui semble être le cas ici.
Comme je le disais, le mangaka fait monter crescendo la tension sans jamais user et abuser de violence excessive ou de litres de sang et de viscères. C'est plus subtil que cela et c'est tant mieux!
Petit à petit les énigmes se dévoilent mais sans pour l'instant trouver des réponses. On pose l'intrigue pour les tomes à venir. Beaucoup de questions se posent : Qu'est devenu Hisanobu? Existe-t-il un fantôme d'une jeune fille? Que cachent les professeurs? Sont-ils des ennemis pour les enfants? Que va révéler cette école?
Quelques pistes sont proposées notamment au travers des déductions des élèves, mais le lecteur est, pour l'instant, dans le doute et ne peut que formuler des hypothèses.
L'atmosphère est la force de l'Île de Hozuki mélangeant mystère, angoisse, faux-semblant, thriller et scènes un peu dérangeantes.
Au niveau des personnages, chez les élèves j'ai été un peu déçu parce qu'ils sont trop caricaturaux. On a le héros prêt à tout pour protéger sa sœur; cette dernière étant sagace et dégourdie. Sa cécité risque d'être prépondérante pour la suite. Le reste des élèves est composé de cas sociaux ayant rencontrés de sérieuses difficultés dans leur enfance. Néanmoins, ils sont trop définis : le génie, le costaud, le boulimique et la fille renfermée et traumatisée.
Les professeurs sont déjà plus intéressants. Deux d'entre eux sont particulièrement intrigants et intéressants : Kuwadate et mademoiselle Kai. Le premier est assez effrayant avec son regard de pervers et son coté pédophile gênant et un peu malsain. La seconde, elle, est plus mystérieuse. Elle fait gentille et vient d'arriver. On pourrait penser qu'elle est plutôt en-dehors de ce qui se trame. Mais ses mensonges et quelques petits détails laissent penser qu'elle n'est pas si innocente que ça.
Concernant le style graphique de Kei Sanbe il est plutôt agréable, avec des décors et des arrières-plans détaillés. Le trait est dynamique et expressifs. Allié à la mise en scène, cela donne vraiment du cachet à ce tome et donne cette atmosphère si particulière.
En revanche je n'ai pas été convaincu par la charadesign. Le coté, visage simple et rond et avec de grands yeux ne me plait pas et ne sied pas particulièrement au titre. Je reproche aussi au mangaka quelques petits passages de fan-service avec Hatsune et mademoiselle Kai, qui sont un peu inutiles, au contraire des passages avec Kuwadate, qui eux, font partis du scénario et donne un aspect supplémentaire mais qui met mal à l'aise.
Pour conclure, ce premier tome est très convaincant. L'ambiance angoissante et mystérieuse est bien rendue de par le scénario et le dessin. La tension monte bien crescendo et de nombreuses interrogations demeurent sans réponses, malgré quelques pistes et éléments. Le suspens est là, et on ne souhaite qu'une chose lire le tome 2. Mission réussie pour ce thriller en huis-clos angoissant et oppressant.
Malgré quelques petits défauts, l'Île de Hozuki est une série prometteuse et avec un potentiel certain. Mais comme souvent avec ce type de seinen, la fin va déterminer si ce titre sera bien ou pas.