Histoire en un volume, Look Back une petite curiosité d’un mangaka tout aussi curieux, Tatsuki Fujimoto : l’auteur n’est toutefois pas un inconnu, celui-ci jouissant d’une notoriété acquise via Fire Punch et Chainsaw Man, deux shonen reconnus mais disruptifs dans le genre.
Comme de juste dirons-nous, Look Back ne saurait se réduire à une unique étiquette : drame désordonné saupoudré d’éléments autobiographiques, et empreint d’un rapport à l’art triturant son propre récit, le manga ne laisse pas indifférent. Peut-être trop d’ailleurs, la première lecture confinant à la circonspection, notre constat à chaud souffrant d’excentricités narratives curieuses, comme dissonantes vis-à-vis du postulat de départ.
Lequel se voulait en effet simplissime, rivalité à sens unique, talent et reconnaissance rythmant le quotidien de deux jeunes filles aux antipodes, somme de tranches de vie ayant pour particularité première son introspection artistique. Cette fausse-compétition et l’union « anormale » s’ensuivant s’arrogent ainsi un petit quelque chose attachant, à l’image de ses deux protagonistes.
Puis tout bascule : le duo se sépare, une carrière décolle et un drame tient lieu de couperet estomaquant. Toutefois, tandis que les regrets de la « survivante » nous touchent sans coup férir, la narration jusqu’ici plutôt standard se dérobe sous nos yeux : quatre cases s’entredéchirent et l’un des morceaux file... pour réécrire l’histoire, comme si elle se réinventait. Une sorte de parenthèse alternative, presque enchantée, à laquelle vont succéder quatre nouvelles cases et une énième échappée : retour à la réalité, la boucle est bouclée.
Comme évoqué, si l’impression première dénote, la relecture s’avère aussi indispensable que salvatrice : Look Back, dans tout ce qu’il évoque et transmet, le fait avec si peu qu’il n’en devient que plus impactant. Peu de dialogues au diapason d’un dessin épuré et l’image récurrente de ce dos signifiant pourtant tout le contraire : aller de l’avant, encore et encore.