Comme l'annonce Jean-Pierre Dionnet dans la préface, Brüno est un fan de série B. Et Lorna n'est ni plus ni moins qu'une Bande-dessinée de Série B. A la différence d'un Machete dans le milieu cinématographique, Lorna n'est pas un cri d'amour au série B mais une véritable série B qui ne va cesser de s’accélérer et d'aller de mal en pis.
Graphiquement magnifique, le trait de Brüno est immédiatement reconnaissable et nous amène dans un étrange univers fait de punchline, d'hommes mauvais et de trahisons. On rentre directement dedans. Mais pour autant, la BD n'est pas une réussite, et on comprend cela au fur et à mesure du chapitre deux.
En effet, à partir de ce moment là, la BD n'a de cesse de s'emballer et d'enchainer les scènes comme autant de clichés qui font références aux séries B.
Si je n'ai pas fait de résumé, c'est simplement que cela me semble impossible tant l'histoire part dans tous les sens. Trahison de médecins, drogues, super-soldats génétiquement modifié, enquêteur, assassinat au hasard dans le désert, étrange fratrie russe, robot alien géant, amateurs de vinyles, drogués croyants et bien sur petite-copine actrice porno... Beaucoup trop d'informations pour l'ensemble.
On ressort donc de Lorna avec un goût de too much, un goût de trop. Certes, c'est beau et les 60 premières pages sont vraiment bien écrites, mais les 90 suivants vont de mal en pis et véritablement, outre le plaisir esthétique on a plus grand chose. Or, à moins de démarrer la BD et d'ignorer tout son potentiel, on sait que l'esthétisme ne fait que la moitié du boulot. Une moitié qui doit toujours être honorée, certes, mais pas non plus au point d’éclipser le scénario.
Je ne vois pas Lorna comme un hommage, mais comme une tentative humoristique raté. Un bon potentiel très mal exploité qui, du même coup, n'apporte qu'un plaisir limité et superficiel. Dans le genre « hommage aux séries B à Z » je trouve Mutafukaz extrêmement plus convaincant, pour peu qu'on puisse comparer.