Eh bah comme quoi la relecture a du bon…
Quinze ans plus tôt, lors de ma précédente lecture, « Louve » avait été le point de non-retour ; le moment a partir duquel je trouvais que la saga perdait de sa superbe…
Et c'est peu dire si aujourd'hui je l'aborde tout autrement.
Pourtant, sur bien des points, j'ai retrouvé mes griefs d'hier. Et le plus flagrant, pour moi, c'est clairement le manque de renouvellement.
On retrouve des endroits connus (les fyords des premiers albums), dans des situations familières (l'ostracisme relatif de Thorgal et des siens) avec des eux-aussi personnages qu'au fond on a déjà vus une dizaine de fois dans cette saga.
...Même la naissance de Louve n'est pas sans rappeler celle de Jolan, quand bien même l'album s'efforce de la singulariser.
En somme, tout ça mis bout à bout, ça a clairement des airs de redite, de circumambulation...
...Et pourtant, malgré tout, je trouve (ou plutôt je découvre) tout le pouvoir que peut avoir cet épisode.
Déjà, je dois reconnaître à son introduction une terrible efficacité.
C’est cru, c’est cruel et c’est noir comme un « Thorgal » sait l’être.
Le mélange entre actes touchants et actes sans vergogne, entre actes nobles et actes ingrats, reproduit exactement l’atmosphère riche en émotion et malaisante de cette saga.
Et puis l'air de rien, on a beau revenir sur les mêmes lieux pour recroiser les mêmes gens, il y a néanmoins un certain savoir-faire de la part de Van Hamme et Rosinski pour justement montrer comment les choses se répètent et comment les identités se forgent en fonction de ça.
Pour le coup, le personnage de Wor est à lui seul une sorte de gimmick qui rajoute encore plus de cynisme à toute la saga.
Au final, l’épisode joue quand même son rôle : il enrichit l'univers « Thorgal », il permet aux personnages de poursuivre leur parcours initiatique (notamment Jolan), tout en approfondissant le regard que l’on porte sur cet univers.
En fin de compte, ça marche quand même, et cela fait un bel écrin pour l’apparition d’un nouveau personnage qui saura jouer son rôle à l’avenir dans la saga.
Bref, bon-an-mal-an, ça reste efficace…