Un hors série avant les hors série
Dans une parodie de leur propre ton et style, Tome et Janry signent avec Machine qui Rêve leur dernier tome de la série. À l'époque de sa pré-publication dans Spirou Magazine, j'avais détesté ce tome pour le seul principe qu'il essayait de changer une série qui n'en n'avait pas besoin. En fait, ce tome était plutôt précurseur, puisqu'il annonçait les hors-série Spirou qui sont un vrai nouveau souffle pour la série.
Oui mais, Machine qui Rêve est le tome 46 de la série Spirou. Comment le réconcilier avec ce qui vient avant, et après? Le style graphique est beaucoup plus réaliste que dans les précédents volumes de Tome et Janry. Ce n'est pas foncièrement désagréable, mais on reconnait trop le trait et il y a quelque chose qui sonne somme toute assez faux. L'histoire est assez brouillonne et épurée de toute fantaisie (Spip ne parle pas, d'ailleurs on le voit à peine). Les tentatives de dépoussiérage des personnages (en révélant que le vrai prénom de Seccottine est Sophie).
Ce tournant réaliste n'était pas à mon humble avis une bonne chose. Et pourtant, cet épisode est, dix ans après sa publication, ce qui s'est fait de mieux comme renouvellement de la série. Les tomes suivants ont le bon goût de ne pas le mentionner, ce qui en fait un hors série avant l'heure. C'est le mouton noir de la série, mais c'est un bien intéressant mouton.
Difficile néanmoins de ne pas trouver beaucoup de charme à cet épisode, qui est malgré tout beaucoup plus intéressant à lire que les tomes qui sont venus après.