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Malaterre
7.8
Malaterre

BD franco-belge de Pierre-Henry Gomont (2018)

Quand l’héritage familial devient une jungle… littéralement

Dans Malaterre, Pierre-Henry Gomont nous offre une plongée fascinante dans les méandres d’un héritage familial compliqué, incarné par Gabriel Lesaffre, un personnage aussi charismatique qu’autodestructeur. Avec un récit oscillant entre drame et comédie grinçante, et un graphisme vibrant, Gomont nous entraîne dans une aventure où la jungle n’est pas qu’un décor exotique, mais une métaphore des relations humaines, chaotiques et imprévisibles.


L’histoire suit Gabriel, un homme en quête de rédemption ou, peut-être, simplement de lui-même, alors qu’il embarque ses enfants dans un projet aussi grandiose que délirant : la reprise de la plantation familiale en Afrique centrale. Ce point de départ, prometteur, se développe dans un récit riche en émotions, où les éclats de génie de Gabriel côtoient ses nombreuses failles. Mais parfois, la narration semble s’embourber dans une végétation narrative un peu trop luxuriante, où quelques raccourcis auraient permis d’éviter une certaine lenteur.


Visuellement, Malaterre est un véritable régal. Le style de Gomont, énergique et coloré, donne vie à chaque scène, qu’il s’agisse des paysages africains ou des salons bourgeois. Les expressions des personnages, exagérées mais terriblement évocatrices, capturent toute la complexité de leurs émotions. Toutefois, cette intensité graphique pourrait en dérouter certains, tant elle amplifie parfois le chaos de l’histoire.


Le personnage de Gabriel est incontestablement la pièce maîtresse de l’album. Tour à tour fascinant, exaspérant et touchant, il incarne à lui seul l’ambiguïté du récit. On oscille constamment entre l’admiration pour son panache et la consternation face à ses décisions destructrices. Ses enfants, en revanche, bien que touchants, peinent parfois à exister pleinement dans l’ombre d’un père aussi imposant.


Le principal reproche que l’on pourrait faire à Malaterre est de vouloir trop en faire. Entre les flashbacks, les conflits familiaux et les réflexions existentielles, l’histoire s’éparpille un peu, au risque de perdre de sa force. Mais ces faiblesses sont largement compensées par la sincérité et l’audace du propos.


En résumé, Malaterre est une œuvre puissante, visuellement éblouissante et émotionnellement riche, malgré quelques longueurs et une densité qui peut parfois sembler étouffante. Un voyage en terre hostile — tant intérieure qu’extérieure — qui mérite largement le détour.

CinephageAiguise
8

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Créée

le 16 janv. 2025

Critique lue 2 fois

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