Seconde marche de l'Enfer
Après un premier tome assez décevant, cette suite remet les pendules à l'heure. On nous parle pas de n'importe quel super-héros, il s'agit ici de Spawn, du célèbre et grand Rejeton de l'Enfer, et il est temps que sa légende se fasse. Une nouvelle fois le tome se décompose en plusieurs arcs, mais cette fois on évite l'erreur du tome 1 de ne consacrer que 2 numéros par arcs. Mais avant de parler de l'histoire, parlons du dessin, McFarlane s'est amélioré et à trouver son style, cependant le passage de Capullo va encore plus aider. L'artiste, désormais mondialement connu, n'a œuvré (pour l'instant) que sur 5 des chapitres de ce tome, afin de ne pas faire une transition trop lourde il s'est inspiré du style personnel de McFarlane tout en ajoutant sa patte, et c'est là qu'on a le droit à du grand art, c'est que quand McFarlane reprend le crayon, lui aussi prend en compte les petits ajouts graphiques de Capullo. Graphiquement ce tome devient bon, on oublie le côté Old-School et on voit arriver cette vague puissamment agressive qui fera le style de Spawn dans les années à venir.
En terme d'histoire, McFarlane commence par nous raconter (encore) un arc en deux numéros : le combat du Violator contre un Spawn, 800 ans avant l'histoire. Bon déjà grosse erreur car dans la mini-série Violator (sortie en même temps) on apprend que le démon a "seulement" 4 siècles d'existence (le même problème temporel se retrouvera dans Spawn - La Saga Infernale où le démon est censé être âgé de plusieurs millénaires). L'histoire est agréable, c'est surtout la première occasion de découvrir un autre Spawn. Enfin en réalité la seconde puisqu'il s'agit du prequel de Spawn Médiévale, déjà vu lors de la première apparition d'Angela (histoire qui devait être dans le tome 1 mais qui a sauté dans l'édition Delcourt pour des raisons judiciaires). C'est sympas à souhait, ça nous montre la malédiction d'un autre Hellspawn, donc bon, c'est vraiment cool.
Ensuite, on a le droit à du lourd, du très lourd même ! 3 numéros sont en effet réalisé par Grant Morrison. Et oui, rien que ça ! Le mec légendaire qui a juste repris la licence Batman ses dernières années, et qui en a fait quelque chose de relativement énorme (ça dépend bien sur des avis), bref Morrison pèse lourd, même si à l'époque, ce n'était pas encore le cas comme aujourd'hui. L'histoire est triplement utile, elle développe la notion de psychoplasme, de Jason Wynn (l'ancien employeur de Spawn) et surtout met en avant les forces du ciel. Ainsi nous découvrons donc le désormais légendaire Anti-Spawn (plus tard rebaptisé Rédempteur). Franchement cette première apparition est à la fois jouissif et insuffisante car ça ne dure pas assez. Mais bon, ça reste un très très bon moment ! Bien amené, bien dessiné (Capullo au commande), on sent que la mythologie de Spawn prend de l'ampleur.
Malheureusement, l'arc suivant (en deux numéros) est des plus décevant. On nous explique qu'il existe un multivers de magie, genre un monde à part avec des créatures de pleins de mondes différents pour qui l'Enfer n'est pas spécialement importants. Ca a une tendance à rendre moins intéressant l'Enfer, et l'allié de Spawn, Houdini ... C'est un poil too much quoi. Histoire assez moyenne en bref.
Sinon, le reste du tome fonctionne sur la "trahison" de Terry Fitzgerald, le meilleur ami d'Al Simmons et mari de la veuve du Hellspawn. Celui-ci est considéré comme traitre, or Wynn ne peut se permettre de dire qu'il s'est trompé et qu'en réalité ce n'est pas Fitzgerald le traite, il décide donc de l'éliminer. Dans le même temps, la mafia croit que Spawn = Terry et veut donc aussi le supprimer. Le piège se referme numéros après numéros durant l'ensemble du tome, c'est tout simplement jouissif, finalement ça explose et Bam ! Spawn vient protéger son ami coute que coute ! Vraiment agréable. Cet arc est présent durant tout l'album avant de finalement être clairement mis en place, du coup on peut dire qu'il s'agit en réalité de l'ensemble du tome qui est sur cette thématique. Une thématique des plus agréables à lire. Là encore, plus que la mythologie c'est le scénario qui évolue dans un sens vraiment grandiose.
Malheureusement la présence d'Overt-Kill n'aide pas, son retour faisant très "méchant à la Marvel/DC" qui ne meurt pas vraiment, on perd donc la crédibilité que Spawn avait.
Globalement, ce tome est quand même grandiose, la narration est époustouflante, McFarlane a galéré dans le premier tome pour mettre les éléments en place, mais là il accélère et c'est bon, on rendre dans les choses sérieuses.
Du coup, pourquoi seulement 7 ? C'est vrais que j'ai hésité à mettre 8 voir 9.
Bon déjà, le dessin est pas totalement top, au début notamment et dans le chapitre dessiné par Silvestri (dont je n'aime pas le style). Le passage avec Houdini est ... Un poil barré,certes il est assez fun et fait avancer l'intrigue principal mais bordel, le délire des univers parallèle et la présence d'Houdini donne un côté WTF qui enlève le mysticisme de cette BD. Enfin, l'ensemble de la BD a lieu en cross-over avec la mini-série Violator (enfaite les 2 premiers chapitres où Violator raconte son combat contre le Spawn Medieval sert d'amorce à cette mini-série), c'est simplement super méga cool pour ceux qui, comme moi, ont lu la série en question, mais pour les autres, ça amène des passages difficilement compréhensibles et un goût de manque.
Malgré tout, l'épopée de Spawn est en bonne marche, et petit à petit, nous avançons vers la magnificence ultime !