Un manga qui tient ses promesses !

Prends ce cadenas, j'en garderai la clé. Quand nous nous reverrons, une fois adultes, j'ouvrirai ce cadenas pour libérer ce qu'il contient, et alors nous nous marierons.

Alors qu'il est enfant, Raku fait une promesse à une petite fille : il l'épousera lorsqu'ils seront grands, et pour sceller leur promesse, Raku gardera un cadenas tandis que la fillette en gardera la clé.

Raku est aujourd'hui un lycéen tout ce qu'il y a de plus banal, si ce n'est qu'il est le fils d'un grand yakuza et possède toujours ce cadenas. Chitoge, jeune fille caractérielle revenue des États-Unis et fille du chef d'un gang rival, est intégrée dans la classe de Raku. Alors que les deux lycéens ne peuvent pas se voir en peinture, ils apprennent subitement que leurs parents ont décidé de les fiancer afin de calmer la guerre imminente entre leur deux clans. Raku et Chitoge se retrouvent donc à devoir jouer la comédie jusqu'à la fin du lycée afin de faire illusion. Mais c'est alors que Raku découvre que Chitoge possède une drôle de clé.

Serait-t-elle la fille de la promesse qu'il a oublié ?

La RomCom ordinaire, les yakuzas en plus

Un résumé qui peut sembler assez convenu, cette histoire de promesse d'enfance ayant déjà été vue maintes fois dans divers œuvres de romance, mais ici le côté gang et yakuza vient un peu changer la donne. Néanmoins on retrouve tous les thèmes récurrents du genre avec notamment le triangle amoureux, la promesse avec une inconnue ou encore le harem qui va se former pour semer le doute quant à l'identité de la fameuse petite fille. Il en va de même pour les situations récurrentes telle l'épreuve de courage en forêt, la journée à la plage ou encore la préparation des chocolats de Saint Valentin pour les offrir au lycée. Malgré tout, si Nisekoi n'innove en rien dans le genre (j'aime à le considérer comme le simple successeur de Love Hina version 2010), il fait partie de ces mangas que l'on prend plaisir à lire, le tout renforcé par des personnages diversifiés et un humour simple mais qui fait bien son taff.

Ainsi on va simplement suivre l'histoire de Raku qui va apprendre à découvrir les bons côtés de Chitoge, tout en tentant de déclarer sa flamme à sa camarade Onodera, tandis que d'autres jeunes filles viendront semer le trouble dans son cœur puisqu'elles semblent toutes le mener à l'identité de la petite fille qu'il n'a jamais cesser de chercher, le tout bien enrobé dans des scènes comiques bon enfant et dans des mini-arcs permettant de développer les sentiments de chacun des personnages, jusqu'à l'arc final nous donnant toutes les clés (admirez ce jeu de mot !) pour résoudre le mystère du cadenas de la promesse.

Un triangle amoureux agréable à suivre

Les personnages n'étant pas trop nombreux, ils auront tous la chance d'être plutôt bien développés.

Nous retrouvons notre héros Raku, un garçon plutôt banal mais assez apprécié de ses camarades pour son caractère facile et volontaire. On peut cependant noter qu'il ne manque pas de courage et n'a pas sa langue dans sa poche.

On appréciera de Raku qu'il ne soit pas un énième héro bêta qui se fait draguer toutes les dix minutes sans rien caler à ce qu'il se passe. En effet Raku, au contraire de ses homologues, est un garçon réfléchi, avec du caractère et qui agit toujours par lui-même. C'est donc un personnage simple, certes, mais très efficace !

Sa fiancée, Chitoge, est elle une jeune fille très jolie mais qui peut parfois manquer de délicatesse. Sous son mauvais caractère se cache en fait une fille généreuse qui prend soin de ses proches mais qui a beaucoup de mal à exprimer ses sentiments correctement.

Heeeureusement Chitoge ne sera la tsundere chiante et violente qu'on redoute tous que pendant quelques chapitres seulement ! Le gros problème c'est que du coup son caractère change du tout au tout et de manière tellement hâtive qu'une fois son développement terminé au début du manga, elle n'apporte plus grand chose de neuf à l'histoire malheureusement...

Notre troisième héroïne, Onodera, est une camarade de classe de Raku depuis plusieurs années déjà. Elle a beaucoup de succès de par son côté fille modèle, toujours gentille et attentionnée mais quelque peu timide et maladroite, c'est ce qui fait d'ailleurs son charme. Elle est amoureuse de Raku depuis longtemps mais ne s'est jamais rendue compte des sentiments réciproques que celui-ci éprouve pour elle.

Là aussi on aurait pu tomber dans le modèle de la cruche niaise amoureuse du héros qui ne sait répondre que par « Eto... » en rougissant. Alors il y a un peu de ça au début, mais comme Chitoge, Onodera nous montre rapidement que sous ses airs timide elle a aussi une forte volonté et peut être très débrouillarde. C'est un personnage qui m'a beaucoup plu personnellement car on voit son évolution de manière constante tout au long du manga et on apprend à l'apprécier de plus en plus.

Ce sont les trois personnages principaux qui font tourner le récit mais l'histoire regorge de beaucoup d'autres qui viendront s'ajouter au fur et à mesure et ne manqueront pas de venir secouer l'intrigue. Je pense notamment à Shû et ses farces absolument hilarantes mais qui saura aussi être un bon conseiller pour Raku et qui aidera les héros à prendre conscience de leurs sentiments et à les faire avancer dans la bonne direction, les membres des clans de Raku et Chitoge et leurs plans foireux en tout genre qui n'attendent qu'une chose, que le couple de leur maître se brise pour pouvoir enfin se tataner la tronche, mais aussi et surtout de la grande et resplendissante Marika qui est tout bonnement un des personnages les plus énorme de tout le manga, à la fois hilarante avec ses démonstrations d'amour improbables pour Raku, mais aussi touchante de par sa volonté sans failles prête à se sacrifier pour le bonheur du seul garçon qu'elle ait jamais aimé, sans oublier les autres camarades telles Tsugumi qui apprendra à vivre pour elle-même et à devenir ce qu'elle souhaite vraiment grâce à Raku ou encore Haru, Ruri et Paula qui se feront plus discrètes mais auront chacune leur arc venant leur permettre de s'émanciper et de trouver leur voie tout en continuant à épauler nos héros à leur manière. Ainsi chacun des personnages aura droit à un petit développement bien pensé, qui ne prendra jamais le pas sur l'intrigue principale (qui elle, saura évoluer de manière constante), et viendra leur donner le relief dont ils avaient parfois besoin et deviendront donc tous attachant à leur manière.

Une narration fluide

La réussite du manga ne passe pas seulement par son histoire mais également par tout un ensemble de chose.

Déjà on peut parler des dessins du manga qui pour un shônen a des traits assez propre et féminin, plus proche d'un shôjo avec ses visages ronds et son esthétisme assez fin. Le trait est maitrisé, les chara designs inventifs, et le manga bien découpé.

En effet, l'auteur parvient toujours à garder un bon rythme en mélangeant habilement des scènes de vie quotidienne, d'humour totalement déjanté et d'autres scènes plus touchantes et dramatiques sans jamais tomber dans le trop ou le trop peu. Même le fan service et le harem (piège facile dans ce genre d'œuvre) savent rester légers et modérés. On regrettera juste une traduction française parfois hasardeuse avec des échanges parfois peu naturels ou des termes utilisés ou traduits de manière trop littérale ou francisée, ce qui peut parfois venir casser la fluidité de la narration.

Au final, le seul réel problème de Nisekoi serait peut-être d'avoir duré plus longtemps que prévu.

En effet, dans les 10 premiers tomes environ, l'intrigue principale autour de la petite fille de la promesse avance très, voir peut-être même trop vite. Les révélations fusent et certains personnages évoluent à pas de géant. Mais le manga ayant rencontré un beau succès entre temps, il fait pas mal de sur-place dans les tomes suivants. L'intrigue continue d'avancer petit à petit mais ce n'est en rien comparable au début et le nombre de chapitres individuels (qui sont très drôles et sympa malgré tout hein) augmentent à vue d'œil, de même que les nouveaux personnages secondaires qui se révèleront parfois assez peu utiles à l'intrigue au final. Heureusement, le JUMP n'a pas trop tiré sur la corde non plus et a conclu le tout en 25 volumes, de quoi prolonger le plaisir de manière efficace pour les fans sans trop empiéter sur l'histoire principale éternellement, permettant ainsi des arcs sur les personnages secondaires très réussis, une histoire qui tient debout jusqu'à la fin et une conclusion plutôt bien faite même si l'on regrettera le parti-pris de l'auteur qui semble clairement avoir changé sa fin en cours de route pour coller à celle que voulaient les fans alors qu'elle ne semblait pas forcément être la plus logique au vu de déroulement du reste du manga. C'est d'autant plus étrange que jusque dans les derniers tomes, la réponse au mystère de la clé semble belle et bien tracée depuis le tout début avec moult preuves apportées sur la fin, mais sans que l'on comprenne pourquoi, les touts derniers chapitres partent subitement dans une direction opposée... De quoi se demander pourquoi l'auteur a tant insisté jusqu'à la toute fin si c'était pour préférer conclure sur autre chose au final.

Un manga qui tient ses promesses !

Au final, Nisekoi - Amours, mensonges & yakuzas! nous montre qu'une histoire à priori toute simple mais bien développée et bien enveloppée peut devenir un succès !

Certes, le manga n'aura clairement pas révolutionné le genre, mais il fait partie de ces œuvres intemporelles qu'on lit et relit toujours avec plaisir car elles sont au final bien construites et n'ont jamais eu d'autre prétention que celle de nous faire passer un bon moment.

Le pari est donc tenu pour Nisekoi, on ne lui en demande pas plus et c'est très bien comme ça !