Nouvel album avec Raspoutine (déjà).
Nouvel épisode aux tonalités fantastiques.
Nouvel épisode où on se prend au sérieux…
Comme je l’avais déjà dit dans ma critique sur « La marque de Raspoutine », ce n’est pas le genre de démarche que je préfère dans l’univers Canardo.
Et pourtant – allez comprendre – je trouve que cet album est très efficace.
Quand j’y réfléchis, cela peut s’expliquer par plusieurs éléments.
D’une part – et c’est tout bête – mais le fait qu’il y ait déjà eue une « Marque de Raspoutine » aide considérablement.
Ces éléments ne sont pas nouveaux dans cet univers.
On y est familiarisé. Ce qui fait que Sokal peut ainsi s’appuyer dessus pour créer une dynamique ou un contraste.
Ici, c’est surtout sur le contraste avec le Tome 2 que l’album joue.
Cet album est plus noir et plus malsain.
Raspoutine devient une figure iconique assez glaçante de par son caractère livide et inanimé ; figure qui met d’autant mieux en relief le réel monstre de l’album : le personnage d’Emily.
L’effet miroir est habile, surtout qu’Emily a tout de la figure virginale et innocente.
Elle est d’apparence jeune et jolie. Elle est empathique. On nous la présente comme une pauvre jeunette venue de nulle part qui essaye de s’en sortir par rapport à sa condition.
D’une certaine manière l’effet miroir est double.
D’un côté le miroir s’opère en opposition avec Raspoutine lui-même, mais de l’autre je ne peux m’empêcher de faire un rapprochement avec la figure populaire de « Rémi sans famille ».
Elle aussi est une vagabonde itinérante trainant avec son petit cirque, mais contrairement à Rémi, Emily n’affronte pas son existence douloureuse avec innocence et naïveté.
Non, Emily n’est pas une belle figure juvénile et pure qu’un monde brise.
Emily se révolte. Elle répond par la colère. Elle exprime un véritable appel du vide.
Pour le coup, je trouve que la formule fonctionne très bien et délivre du coup une déclinaison assez intéressante de cet univers.
C’est bête mais j’en regrette presque que cet album survienne si tôt dans la saga.
Je pense qu’en se glissant après quelques autres épisodes plus classiques, ce retour au fantastique aurait encore eu plus d’impact, à la fois pour son côté transgressif et innovant par rapport au reste de la saga.
Après cela ne retire malgré tout en rien ses qualités.
Cet album, c’est une sorte de « Marque de Raspoutine 2.0 » qui, non seulement fonctionne très bien en lui-même, mais rajoute en plus de la légitimité à un Tome 2 que je trouvais jusqu’alors dispensable.
Un beau tour de force donc.
Un album indéniablement réussi…