Après un premier dytique vampirisé par la présentation du personnage principal, le contexte général et l'aventure, ce tome 3 change d'atmosphère. Place aux intrigues financières qui se trament aux derniers étages des buildings, dans les soirées mondaines et, bien entendu, dans les robes moulantes de ces dames aux décolletés avantageux. Cette véritable première aventure de Largo Winch est un pur produit des années 90 : le fric, les femmes fatales et les coups fourrés en tous genres se taillent la part belle de cet album. Les clichés sont nombreux mais on connaît suffisamment l'ami Jean Van Hamme pour savoir que cela cache forcément un dédale de surprises qu'il faudra découvrir au tome suivant.
Ce qui frappe d'emblée dans cette série, c'est son ambiance. Beaux mecs, belles gonzesses, fric à gogo sont mis en valeur par la chaleur des couleurs. Largo Winch, contrairement à XIII, est une saga solaire, clinquante, très m'as tu vu. Derrière des personnages secondaires caricaturaux à l'excès (aussi bien physiquement que dans les traits de caractère), le héros regorge de zones d'ombre. Ainsi dans cet opus, on retrouve un Largo Winch insouciant, fort en gueule et prétentieux derrière son apparence ultra cool. Cela semble manquer de subtilité, mais plus l'intrigue avance, plus on comprend que Jean Van Hamme va nous permettre de mieux connaître son personnage. Ce n'est pas le moindre des intérêts.
Côté intrigue, le piège qui se trame prend progressivement de l'épaisseur. Jean Van Hamme suscite la curiosité de ses lecteurs en usant de cette habituelle double (voire triple) narration simultanée qui agrandit le mystère en même temps qu'il apporte une certaine clarté à l'ensemble. Reste, bien entendu, la question financière. O.P.A., ainsi qu'il se nomme, aborde de manière frontale des problématiques difficiles à saisir pour les non-initiés. Certains passages sont obscurs mais le scénariste a l'intelligence de rendre accessible certains éléments et de faire en sorte que si le monde de la finance échappe totalement au lecteur, il puisse, malgré tout, suivre les grands traits de l'histoire. Ce n'est pas toujours passionnant mais c'est suffisamment bien raconté pour qu'on ait envie de rapidement connaître le dénouement de cette première intrigue.