Un autre Tom King, une autre réussite. Omega Men diffère de Mister Miracle en prenant comme thème non pas le PTSD mais la guerre en elle-même, ce qu'elle est, et ce qu'elle provoque.
Pour se faire, nous retrouvons (ou découvrons)une équipe peu connue de l'univers DC : les Omega Men, alliance d'extra-terrestres usant d'actes terroristes pour combattre le gouvernement de leur système solaire. Planètes et peuples inconnues, histoire de dictature et de commerce de minerai rare, religion commune et opposée, tout cela nous semble nouveau et semblable pourtant aux propres raisons qu'ont les peuples de se faire la guerre. Seule figure d'identification : Kyle Rayner, terrien, ancien dessinateur devenu Green puis White Lantern dans ses aventures passées. Le jeune homme devient bon gré mal gré emporté dans cette lutte interne et infortuné complice du groupe dissident.
A travers ce personnage, nous découvrons les affres de la guerre. Les choix, les sacrifices, et la décadence de l'âme humaine. Kyle, grand héros faiseur de miracles, et naïvement certain de pouvoir bouleverser l'ordre des choses. Pourtant, il reste spectateur à chacun des actes accomplis de son groupe. Ce personnage réveur se retrouve confronté à la dure réalité de la guerre, et jusqu'où chaque groupe peut aller pour accéder à ses fins, et ce qu'il en résulte ensuite. C'est là qu'Omega Men est intéressant. Contrairement à ce que les membres du groupe disent, rien n'est ni tout blanc, ni tout noir. Chacun des membres de la résistance possède un lourd passé, tout comme l'ennemi à abattre se révèle ne pas être un simple maître du mal. Voilà qui diffère du comics du super-héros basique où le héros cogne le méchant et la situation est résolue. Non, comme King le fait dire si bien. Toute acte est la conséquence d'une autre, et sera la conséquence d'un nouvel acte. La guerre est née d'un point d'origine, et même sa finalité ouvrira à un nouvel acte. Cela ne semble pas avoir de fin. Une conclusion bien sombre, comme le démontre l'intégralité du titre.
Car oui, contrairement à Mister Miracle qui se permettait des traits d'humour, Omega Men ne se permet pas ce luxe. Dans cette bataille interminable, le rire n'est pas permis. On s'attache aux personnages, on les aime, on les pleure, mais dans l'histoire qui nous est contée, le rire en serait presque irrespectueux.
Le tout dans un graphisme qui certes, n'est peut-être pas digne d'un Mitch Geralds, mais reste digne au récit proposé. Tout est clair et limpide dans les graphismes de Barnaby Bagenda. Tout ce que l'on demande pour profiter de ce récit réflexif. Petit plus sur les ouvertures de chapitre, à travers les affiches de propagande taguées par le groupe de résistance, ainsi qu'aux citations de fin de chapitre permettant d'illustrer chacun des actes de cette histoire.
Encore une fois, King nous prouve que l'univers superhéroïque peut nous faire réfléchir, et nous bouleverser.