Je ne connais rien aux Omega Men. Je ne suis pas fan de Tom King, loin de là. Enfin, je n’aime pas son travail sur Batman. Mais après la lecture de Mister Miracle, formidable lecture au demeurant, je me suis dit que je tenterais bien le coup avec Omega Men, une autre mini-série. Mais comme je le dis au début, je ne connais rien à ces personnages. Et je ne connaissais rien à toute l’histoire autour de la publication de ce titre aux USA. Son annulation suite à son monstrueux flop, avant que les fans n’obtiennent la suite et fin et que le titre ne devienne un best-seller !
Aux confins de l’espace existe le système Véga, une coalition de planètes organisée autour de l’extraction d’un minerai, le stellarium, seul capable d’empêcher ces mondes d’exploser et de connaître le sort fatidique de la planète Krypton. Mais cette alliance est basée sur un terrible secret et un groupement terroriste activiste, les Omega Men, est prêt à tout pour exposer ses exactions… quitte pour cela à transformer le Green Lantern Kyle Rayner en bombe humaine !
Omega Men ou la vision iconoclaste et subversive de personnages créés par Marv Wolfman et Joe Staton dans les années 1980. ils reviennent ici sous la plume de Tom King (Batman Rebirth, Mister Miracle) qui apporte son découpage précis et son regard acerbe à une épopée de science-fiction illustrée par Barnaby Bagenda (Suicide Squad Rebirth).
(Contient les épisodes Omega Men #1 à 12)
J’ai eu un petit peu de mal à rentrer dans ce récit. Je suis vraiment tombé en terrain inconnu. Heureusement, j’ai été embarqué de suite par les dessins de Barnaby Bagenda. Un artiste que j’avais déjà un peu vu sur Suicide Squad Rebirth mais qui ne m’avais pas particulièrement marqué. Là, c’est une petite révélation ! Un excellent travail. De plus, je suis particulièrement fan du gaufrier, et je suis assez bien servi ici. Je trouve que cela donne un certain rythme à la narration et une grande intensité.
Il effectue un excellent travail sur les personnages, et ce qu’il nous dégage, que ce soit même l’absence d’émotions. Une grande richesse dans les détails, ce qui nous permet de plonger dans le découverte de cette partie de l’univers DC.
On démarre dans le dur, avec un homme attaché, cagoulé, et un autre qui nous offre un discours, un monologue passionné, voir passionnant, quasi philosophique et totalement habité ! Une question se pose alors, mais, mais, ces Omega Men se sont les gentils ou les méchants ?
Les choses ne sont pas simples, surtout elles sont beaucoup plus compliquées. Dans les premiers chapitres, nous découvrons les planètes, les coutumes, le mode de fonctionnement du système Véga. Chaque planète avec une ambiance, une atmosphère totalement différentes, que l’on prend plaisir à découvrir. Des coutumes bien particulières, originales. Des us et coutumes qui font froid dans le dos, on sent rapidement que les choses ne sont pas claires, qu’il se passe quelque chose dans l’ombre, quelque chose de sale. Et on se dit que les Omega Men, n’ont sans doute pas tort.
Du coup, si on ne comprend pas tout, si je ne comprend pas tout, on se retrouve rapidement immergé dans cette histoire, dans cette atmosphère, dans ce récit. C’est un tour de force de Tom King et Barnaby Bagenta, car les Omega Men, le système Vega, les pouvoirs en place, les enjeux qui s’y jouent, nous ne sommes pas nombreux à en être expert. Nous avons cependant un point d’ancrage en la personne de Kyle Rayner !
Si le personnage est loin, très loin de la caractérisation dont on a l’habitude, il permet d’avoir une figure connue au milieu de tout cela. Ce qui rassure, c’est qu’il semble autant perdu que nous. Alors qu’il pense pouvoir régler, ou du moins aider à résoudre un conflit, il se heurte à un mur, à des murs. Que peut-il faire face à un système aussi inévitable ? Aussi ancré dans sa réalité ?
Une nouvelle fois Tom King nous pousse à nous poser des questions. La guerre. Le terrorisme. La religion. La non-violence. Il n’y a pas de bonne réponse, comme il n’y a pas de bons camps. Ils ont tous leurs raisons, leurs parts d’ombres. Les deux camps prônent la violence et toujours plus de violence. Comment pouvoir sans sortir sans utilise la violence à son tour ? C’est ce questionnement qui ronge Kyle, et qui nous est demandé de résoudre. Un comics sombre et violent, mais jamais gratuitement.
Omega Men, c’est l’histoire d’un groupe terroriste qui veut mettre à jour le terrible secret des têtes dirigeantes d’un conglomérat de planète, qui n’aspirent qu’à s’enrichir en profitant du destin sur un monticule de cadavres et une rivière de sang.
Bref, si les débuts sont difficiles, j’ai beaucoup apprécié cette lecture. Tom King devrait vraiment se contenter des mini-séries. Un incroyable spectacle cosmique, des questions, qui n’ont pas de réponses, beaucoup de questionnement, une intrigue tentaculaire palpitante. Un livre à dévorer et à lire plusieurs fois, pour vraiment en profiter pleinement, tellement il est riche.