On pensait être imperméable à la romance à la japonaise. Trop codifiés, trop girly, les shojo nous tombaient des mains les uns après les autres. Jusqu’à cet Orange de Noël. Certes le manga d’Ichigo Takano porte quelques stigmates propres au genre : des étoiles par-ci, des halos lumineux par-là et cet infranchissable horizon du collège. Mais quelque chose résonne profondément à la lecture de cette fausse amourette d’ados. Peut-être est-ce la petite touche de fantastique qui sert de point de départ à l’histoire : un matin, la frêle Naho reçoit une lettre de son moi du futur qui lui enjoint de ne pas répéter des erreurs qui la rongent encore dix ans plus tard. Ou bien est-ce la franchise désarmante de ce groupe de six amis qui apprend à ne vivre qu’à cinq, amputé d’un des leurs qu’ils n’ont pas su protéger. Une finesse dans la gestion du deuil proche de celle entrevue dans le bel anime Ano hi mita hana no namae o bokutachi wa mada shiranai (2011) de Tatsuyuki Nagai, malheureusement jamais édité en France. Reste qu’avec Orange et quelques autres titres (Riku, Magical Girl of the End), la jeune maison Akata s’impose comme une valeur sûre.