Plogoff, c’est le récit d’une résistance.
1973, l’état français cherche à développer l’énergie nucléaire et sonde plusieurs sites sur lesquels pourraient s’implanter des centrales. Plogoff, Cap Sizun, Finistère, bout du bout du monde, fait partie du lot.
Rapidement, les infos sur cette énergie encore méconnue à l’époque, circulent parmi les habitants et un consensus s’installe, refus catégorique de voir un tel projet sur leurs terres.
« Il ne saurait être question d’imposer aux français un programme nucléaire auquel ils seraient profondément opposés après avoir été complètement informés » Valéry Giscard d’Estaing (Le Monde, 26 janvier 1978)
Ah ben oui mais bon le problème c’est que personne n’en veut nulle part et qu’il va quand même bien falloir les construire quelque part ces centrales !
Plogoff narre l’histoire de ces habitants, pas forcément écolos, pas forcément politisés, qui durant 8 ans vont s’organiser pour que l’état les écoute et respecte sa promesse. L’absurdité des cars de CRS, des gazs lacrymogène, des grenades offensives contre des jets de pierres. La violence psychologique, l’usure, l’incompréhension, la frustration.
Plogoff est une histoire qui finit « bien » car la commune aura gain de cause avec l’élection de François Mitterrand en 1981.
Plogoff est une bande dessinée intéressante. Evidemment à sa lecture, on se place du côté des habitants et c’est bien normal. Reste la question du nucléaire, sur laquelle je n’ai pas d’avis tranché, et plus globalement du développement des infrastructures énergétiques. Comment on s’organise ? Où les installe-t-on ? A quel prix ? Sur quels critères ? Aux dépends de qui ?
Au-delà de l’aspect historique, le dessin dans les tons de gris est d’une finesse appréciable et la narration m’a fait penser à certaines BDs de Davodeau.
Je n’avais jamais entendu parler de cette histoire avant de me plonger par hasard, sur la foi du titre, dans la BD de Delphine Le Lay et Alexis Horellou. Ce qui semble assez dingue car je suis née quasiment au moment des événements, non loin de là.
Alors forcément, je ne peux m’empêcher d’être un minimum de parti pris, la Baie des Trépassés et la Pointe du Raz au beau milieu d’une centrale nucléaire, l’idée fait frémir…
Je m’en vais, en tout cas, poursuivre les recherches en interrogeant mes ainés !