Bora
Souhaitant partir à la découverte de l'oeuvre de Naoki Urasawa, mon choix s'est rapidement porté sur "Pluto". Pour une raison simple. Huit tomes seulement à lire. Dès le quatrième de couverture...
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le 12 sept. 2014
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10
En plein dans l'hiver canadien, alors que les cinémas tardent à rouvrir au Québec, seul les médiathèques, dernière rempart de culture libre face aux périodes covid et au froid, nous apportent un peu de réconfort. Cela ne m'était pas arrivé depuis le lycée, de rester des heures entières, assis sur un canapé, entouré de gens affairés par leur travail ou leurs lectures persos. Moi qui était habitué à emprunter dans ma médiathèque en France, je reviens ici au plaisir du lieu culturel en public. Mais évidemment, tout ne pouvait pas se passer simplement. Tentant tant bien que mal de finir mes séries préférés du moment, à savoir Shingeki No Kyojin A.K.A. L'attaque des Titans et l'œuvre tristement inachevé qu'est Berserk, je me retrouve constamment à chercher des tomes déjà emprunté, entre la bibliothèque Marc-Favreau à Rosemont et la Bibliothèque/Archive National du Québec en plein centre de Montréal. Je me replonge alors dans des œuvres de mangaka dont je me suis un peu éloigné après avoir lu leur chef d'œuvre. Je lis quelques Inio Asano avant de retomber face à une œuvre que je n'avais jamais fini : Monster de Naoki Urasawa. Pour des raisons indéterminées (ou presque), j'avais décidé de stopper nette ma lecture de la pièce maitresse d'un auteur qui m'avait déjà régalé avec 20th Century Boy. My bad comme on dit, je reprend tout depuis le début !
Mais...
Les tomes sont déjà empruntés...
A ce moment, mon envie de manga se tourne vers une nouvelle piste.
Pluto, c'est 8 tomes, tous présent (au moins l'ensemble combiné par les deux médiathèques cité plus haut) et qui promet tout autant. Je ne m'étais pas lancé dessus à l'époque, tant l'œuvre me paraissait moins intéressante, et que mes amis ne semblaient pas tant emballé par Urasawa à l'époque. Mais tout comme Bonne Nuit Punpun, je me suis rendu compte qu'il s'agissait de ce genre d'œuvre à savourer en ayant un peu plus vécu.
Dans Pluto, j'y ai trouvé tout ce que j'apprécie : du Drama, du Drama et encore du Drama ! Non, plus sérieusement, j'y ai trouvé de l'émotion, des frissons et des larmes. En 8 tomes lues sur 2 semaines, j'ai ressenti énormément de chose, et cela dès le premier tome. En poursuivant l'arc de North 2, j'ai compris que l'œuvre arriverait à se détacher de son enquête principal passionnante pour me raconter des histoires émouvantes et touchantes, tout en servant son propos principal avec brio. Et cela, Naoki Urasawa le fait avec chacun des 7 robots principaux, l'étendant même à d'autres personnages, humain ou non. L'œuvre développe une profonde relation avec ce que s'est "ressentir", "percevoir une émotion". Par l'usage de thématique futuriste, Naoki Urasawa développe l'idée de la naissance d'émotions aux travers de machines, qu'il s'agisse de syndrome post-traumatique, de haine ou de larme, chaque petit être de métal a su me transmettre des émotions fortes par des gestes simples. Voir un robot se laver les mains, peindre un champ de fleur ou encore pleurer, tant d'instants qui m'ont marqué grâce au génie du scénario et du dessin qu'est Urasawa.
Au fil de mes réflexions post-lecture (dont cette critique fait également partie, étant donné que je l'écrit seulement quelques heures après avoir tourné la dernière page du tome 8), j'ai fini par me dire que Pluto est une œuvre anti-guerre. Pas pacifique puisse qu'elle montre très clairement des faits de la guerre. Mais ce n'est qu'a de très rare instants que les combats contre Pluto, l'entité mystérieuse vu comme l'ennemi, sont montrés dans le manga. Et encore, quand ils sont montrés vers la fin, ils ne ressemblent pas forcément à ce que l'on pourrait s'attendre. Pluto dépeint la découverte des atrocités de la guerre chez des êtres nouveaux que sont les robots. Faisant souvent référence à des guerres du XXIe siècle, surtout au Moyen-Orient, dépeint littéralement la destruction de ces pays du royaume de Perse (comme décrit dans le manga) par les Etats-Unis d'Amérique. Et j'ai rarement vu une œuvre mettre autant chère à ce pays bien capitaliste et hautain, surtout dans son dernier tome. Après ça, qu'on ne vienne pas me dire que Don't Look Up est une œuvre satirique qui critique les Etats-Unis !
Ce qui revient surtout autour de Pluto, ce sont les nombreuses références à des œuvres du passé, comme Astro Boy, dont le personnage d'Astro y fait directement référence, même par une certaine double page final reprenant l'idée d'un tome de Osamu Tezuka. Gesicht **, **Mont Blanc, Epsilon, Hercule, Brando, Uran et les autres robots cités plus haut comme Astro et North 2 sont tous inspirés d'anciens robots de divers manga. Une sorte d'hommage immense dans un contexte nouveau qui change la donne sur tout. Et quand au méchant, Pluto et les nombreux autres personnages dont je ne révèlerai pas la nature pour évite de spoil (l'idée étant juste de vous donner envie de lire le manga en vous retranscrivant mon état après lecture), il en ressort une écriture particulièrement méticuleuse, pour ce qui est de son dévoilement progressif, de son physique à sa nature, sa personne. De ces "méchants", j'en retire beaucoup, car l'œuvre nous amène évidemment sur une base plus grise que noir et blanche. Ce sont surtout des personnages piétinés et maltraités par d'autres, comme les robots au sein de cette société branlante. Alors que nous, humains, nous nous sommes habitués aux horreurs dans ce monde, eux, les robots, découvrent la haine laissé par nos actes, et n'ont que la tristesse à découvrir pour se morfondre sur eux-mêmes. Certaines scènes, notamment du tome 6, sont tout simplement déchirantes, surtout remise en contexte avec certains éléments révélé à la toute fin. Et bien que l'épilogue m'est laissé un peu perplexe quand à certains personnages, le tout se conclut d'une manière brillantissime, le tout en 8 tome.
Que dire de plus sur cette œuvre si ce n'est de foncé chez votre libraire ou dans votre bibliothèque ? En vérité, je ne peux rien prévoir, sur votre propre appréciation de l'œuvre. J'ai personnellement été happé très vite par les émotions que font naître ces 8 tomes. Mais il se peut que l'œuvre vous délaisse sur le trottoir, sans vous toucher. A cela, je serai tenté de répondre que vous n'avez pas d'émotions, mais il serait trop simple, étant donné que moi-même, je passe encore à côté de certaines œuvres marquante pour d'autres. A vous qui n'aimé pas l'œuvre d'Urasawa, je trouve cela triste, mais pas grave, car je suis sûr que d'autres œuvres vous touchent bien plus. Mais à toi qui lit potentiellement cette critique pour savoir si oui ou non ce manga peut te plaire, et bien je t'invite à savoir, si au fond de toi tu te sens prêt à faire face à certaines émotions pourtant simple, mais tellement puissante. Pluto m'a bouleversé dans ses thématiques, son scénario, ses personnages, sans jamais me perdre. Pluto, par certain point m'a fait mal, m'a fait réfléchir, me ramenant à certains points basique mais pourtant essentielles. Un peu comme quand j'avais lu Bonne Nuit Punpun il y'a un an. Et aujourd'hui, alors que j'ai pas mal de fiche senscritique noté sur mon compte, je suis étonné de voir à quelle point je peux encore être étonné par l'art.
Alors, fonce, tu regretteras pas ;)
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Créée
le 29 janv. 2022
Critique lue 27 fois
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