Après avoir lu le magnifique mais néanmoins dérangeant Neonomicon d'Alan Moore, j'ai voulu m'attaquer à sa préquel : Providence.
Dans un contexte ethnique, sexuel et social des années 20, Providence nous présente notre protagoniste : Robert Black, un journaliste gay, renfermé et qui cache son héritage juif. Après avoir pris un congé sabbatique, il prend la route dans le but d'écrire un roman sur les grandes sociétés secrètes américaines. A partir de là, ses recherches et découvertes l'amènent à la rencontre de divers personnages et sphères lovecraftiennes et aboutissent même à une rencontre avec Howard Phillips Lovecraft lui-même. Au cours de leurs nombreuses discussions, l'homophobie et l'antisémitisme de Lovecraft sont très visibles mais ce n'est pas l'esprit étriqué de H.P. Lovecraft qui retient l'attention de Black, mais plutôt… l'imagination de l'homme.
Je n'en dévoilerai pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte car c'est là que réside toute la réussite d'Alan Moore : trouver de nouvelles approches au mythe de Cthulhu et ce n'est pas une tâche facile... pourtant, Alan Moore accomplit cela et plus encore et rend même les choses plus accessibles, amenant la série à une conclusion tout à fait satisfaisante et innovante.
Les dessins de Jacen Burrows sont particulièrement précis. Ses illustrations sont incroyables, en particulier dans les détails minutieusement reproduits tels que les éléments architecturaux.
Je ne sais pas si Providence a été un succès commercial... Je dois admettre que, pour moi, il n'égale pas Watchmen ou La ligue des gentlemen extraordinaires mais je le recommande à tous les fans de bandes dessinées d'horreur, et, bien sûr, les fans de Lovecraft ou d'Alan Moore. Rien que le chapitre final vaut le coup de s'investir, précisément parce qu'elle nous montre ce que la bande dessinée peut être et, honnêtement, ça donne à réfléchir.