Quenelle en haute mer, premier tome de Yacht People, c’est un peu comme une croisière où le capitaine a décidé de jeter toutes les conventions par-dessus bord. Signé par Alain Soral et Dieudonné, ce cocktail satirique et irrévérencieux ne fait pas dans la dentelle, naviguant entre l’humour grinçant et la critique sociale acérée.


L’histoire se déroule dans le milieu feutré – ou plutôt caricaturalement pourri – de l’élite naviguant sur des yachts de luxe. Entre riches cyniques, politiques véreux, et personnages grotesques, c’est un bal masqué qui ne cache pas grand-chose. Les auteurs y vont à la truelle, brocardant tout ce qui passe à portée, avec une vigueur qui peut faire rire… ou grincer des dents.


Visuellement, l’album ne manque pas de charme. Les dessins, bien qu’un peu inégaux, capturent l’excès et la démesure des décors flottants, des personnages caricaturaux, et des situations absurdes. C’est un monde outrancier, où tout semble volontairement exagéré pour appuyer les propos. Certains passages brillent par leur inventivité graphique, tandis que d’autres paraissent moins travaillés, donnant une impression d’inconstance.


L’humour est sans filtre, parfois hilarant dans son absurdité, parfois plus discutable dans ses intentions. Le ton mordant ne plaît pas à tout le monde : si tu es sensible à une satire qui tape là où ça fait mal, tu pourrais trouver ça génial. Mais si tu préfères un humour plus nuancé, tu risques de te sentir mal à l’aise face à certaines blagues ou à l’angle résolument provocateur du récit.


Le scénario, bien que cohérent dans sa volonté de dépeindre un monde corrompu et décadent, manque parfois de subtilité. Les messages sont martelés avec une telle insistance qu’on finit par se demander si le point principal n’est pas dilué dans le vacarme. Mais pour ceux qui recherchent une œuvre brutale et sans compromis, cette approche directe peut être un atout.


Le principal reproche qu’on pourrait adresser à Quenelle en haute mer, c’est son caractère polarisant. Entre les fans inconditionnels qui adorent le duo Soral-Dieudonné et ceux qui trouvent leur style outrancier, difficile de trouver une zone neutre. L’album semble conçu pour diviser, ce qui, en soi, est peut-être le but.


En résumé : Quenelle en haute mer est une satire grinçante et décapante qui plaira à ceux qui aiment l’humour sans concession et les critiques sociales au lance-flammes. Mais attention, la traversée est loin d’être paisible, et tu risques de te retrouver à chavirer entre le rire et la gêne. À lire si tu es prêt à braver des eaux agitées… et quelques tempêtes idéologiques.

CinephageAiguise
7

Créée

le 22 nov. 2024

Critique lue 2 fois

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