Pedrosa et Gaignard m'ont donné l'impression d'en garder sous la pédale dans ce one-shot d'anticipation qui affiche des ambitions mais sonne malheureusement un peu comme un pétard mouillé.
C'est tout à leur honneur d'avoir voulu en faire un one-shot plutôt qu'une série. Toutefois le format très court ne permet pas le développement de l'intrigue qui joue beaucoup sur les ellipses et les non-dits tout en traitant du mensonge politique et de l'utopie de la transparence. En effet, ce choix éditorial impose une rythme et l'impossibilité d'être exhaustif. Le problème c'est qu'à défaut de traiter le sujet sous tous les angles (ce qui n'est clairement pas l'objectif d'un one-shot), il conviendrait tout de même de rentrer dans le vif du sujet et pas seulement dans les 15 dernières planches.
Ici, le choix semble avoir été fait de d'abord créer une ambiance, puis dans un second temps et dans un rythme qui s'accélère assez soudainement, en dévoiler les tenants et les aboutissants. Encore une fois, ce choix peut être convaincant si la mayonnaise est battu correctement. Ici j'ai eu la sensation qu'on travaillait avec d'excellents ingrédients - un dessin de bonne qualité avec une colorisation astucieuse, un univers intrigant, un personnage charismatique - mais qu'au moment de mélanger ça avec la finesse nécessaire, on y est allé à la défonceuse pour pas trop s'emmerder avec les détails... Comme si le scénariste considérait qu'un bon concept suffisait à faire une bonne histoire. En tombant dans ce travers de plus en plus répandu, cet opus échoue à devenir le petit brûlot politique qu'il prétend être et c'est bien dommage parce que le potentiel était là, comme nous le prouvent les trois ou quatre dernières planches...