Serum possède un charme certain dans son sujet. Aguicheuse, la bande-dessinée de Nicolas Gaignard et Cyril Pedrosa suscite un intérêt immédiat lorsqu'on lit le résumé. Une société, française, avec une vision du futur très pessimiste. Un héros dépossédé de toutes ses ambitions, de tous ses rêves, de tous les petits riens appréciables qui jalonnent une vie.
Kader est un citoyen de Paris en 2050. Il traîne son visage blasé et impassible de son boulot à son appartement et vice-versa. Il ne vibre plus, refuse les invitations à se détendre avec ses amis. Kader est un loup solitaire qui n'a pas été épargné. Son seul réconfort, sa seule compagnie, un hologramme de femme aux charmes certains dont il n'abuse jamais. Kader a fait de la prison et ce n'était pas le pire. Depuis sa sortie, il vit perpétuellement sous l'emprise d'un sérum de vérité. Il ne peut pas mentir et comme on s'en doute, cela fait de chaque minute un enfer. Il est sombre et triste comme la grande majorité des vignettes. Mais au milieu de cette encéphalogramme plat, dans cette succession de journées sans saveurs, une organisation semble préparer quelque chose.
Avouez que tout ça donne l'eau à la bouche. On sent venir l'anticipation intelligente et profonde, s'insinuant jusque dans les méandres d'une société aseptisée.
Raté. Serum ressemble à l'écorce qu'on ne grattera pas assez pour atteindre la substance tant recherchée. Les pages se tournent très vite, trop vite et on suit cette histoire avec un œil toujours distant. Visuellement, rien à redire. Le style cubique des lieux et les lumières faiblardes ressemblent à des faibles espoirs quasiment éteints. La tristesse accompagne cette histoire bien trop expédiée jusqu'à sa conclusion en partie évidente.
Sérum manque d'une profondeur nécessaire à sa léthargie. Une profondeur qui nous aurait permis de ne pas rester sur la touche au fil des pages.