On apprécie la façon dont Nicolas Juncker parvient, livre après livre, à nous faire entrer dans les rouages de l'Histoire en associant une réflexion sur la forme de la narration avec une étude au plus près des émotions des personnages qu'il met en scène. Ainsi, depuis Le front en 2003, en passant par Malet et les indispensables Immergés et La vierge et la putain, c'est à chaque fois en bousculant ses schémas narratifs qu'il se plaît à interroger des périodes troubles de l'Histoire.
Seules à Berlin, fidèle à cette thématique, nous immerge dans Berlin au printemps 1945, lorsque le 3ème Reich vit ses derniers moments. L'armée russe s'apprête à prendre possession d'une ville désormais en ruine. C'est dans ce contexte que Nicolas Junker, une nouvelle fois après les destins croisés d’Élisabeth Stuart et Marie Tudor, nous conte les récits de deux femmes que tout pourrait opposer. L'une est allemande, travaille pour la Croix rouge sous autorité de la SS, tandis que l'autre est Russe et fait partie du Commissariat du peuple aux Affaires intérieures. Les deux ont cependant comme point commun d'être bilingues et de tenir un journal pour témoigner de cette période de leur vie, impactée par deux formes de totalitarisme.
Seules à Berlin est une lecture bouleversante qui parvient à incarner avec force le destin de deux femmes, dont le parcours nous accompagnera encore longtemps.
Bruno