Que c'est dommage de lire une BD dont le cadre spatio-temporel est si intéressant, les destins racontés plutôt riches en aventure, mais pourtant... si peu personnel, si froid et distancé.
Berlin, avril et mai 1945. Pas besoin d'en dire plus, vous voyez le contexte. On suit donc deux destins qui semblent opposés et.. qui ont des occupations dans la ville. Donc on suit l'armée soviétique qui cherche à retrouver les restes du dictateur allemand et ses bureaucrates, les difficultés d'être une femme à cette époque et l'oscillation entre viol et prostitution pour la survie, la misère de tout un monde, qu'on soit coco, nana ou nanazi. Tout y passe: les prisonniers, les pauvres, l'amoureux envoyé au combat, la destruction de tout ce qui faisait le quotidien d'avant, la question de la mémoire...
Et tout cela passe sous nos yeux, tout est brassé sans jamais réussir à rendre ça personnel... Les personnages n'ont pas des traits travaillés pour qu'on s'identifie... Bref, je ne saurais vous décrire pourquoi j'ai eu autant de mal à me plonger dans ces personnages de femmes.
Puis les oppositions couleur/noir et blanc, Allemagne nazie/arrivée des russes, Ingrid/Evgeniya... tout ça m'a paru grossier, on veut parler de trop de choses pour montrer que le monde pue alors qu'un seul thème suffisait à montrer comment personne regrette l'année 1945.
Au final, je pense que le problème principal de la BD est de ne pas savoir quoi faire de cette période historique si complexe et lourde, comment contribuer à cette histoire en s'appropriant la BD, comme le ferait Maus, d'une manière rendue personnelle par la personnification et l'écart de génération.
Ici, on n'est pas face à l'histoire mais DANS l'histoire, on se prend tout dans la poire en même temps et on est submergé, un peu comme ces personnages.. Puis l'histoire des dents du fuhrer, j'en avais déjà entendu parler, ce qui a contribué à me faire souffler pendant la lecture, renforçant l'impression de lire encore et encore la même histoire sur cette période pourtant si riche...