M.V.M
À compter de l'instant où un manga sportif a eu une telle influence au Japon que la fréquentation des clubs de Basket a explosé durant la décennie quatre-vingt-dix, rédiger une critique le concernant...
le 15 mai 2020
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Certains pensent que Slam Dunk fut le premier manga sur le basket. Presque. Début des années 90, ce sport n'était pas très populaire - c'est à peine si ce nom était connu de tous - au Japon, qui préférait largement le baseball. Mais je me dois de réfuter cette affirmation. Au risque de décevoir certains heureux ou de combler certains malheureux, sachez qu'avant de créer Slam Dunk, le génie qu'était Inoue avait sorti un one-shot d'une trentaine de pages nommé Kaede Purple. Sa première création puis-je dire.
Peut-être le nom de Kaede vous rappellera quelque chose, si vous avez bonne mémoire. Kaede Rukawa, grand prétendu rival de Sakuragi. Car les personnages de Slam Dunk sont tirés de ce one-shot, dans lequel on y retrouve également Akagi (frère) et Kogure.
Si vous ne connaissez pas, je ne peux que vous recommander sa lecture, même si ce n'est pas très parlant ça reste tout de même intéressant.
Quand on lit, on comprend que Takehiko Inoue est passionné de basket-ball. Il écrit son manga avec plaisir, et cela aussi, il arrive à le transmettre…
Peut-être que cette phrase, de Kishimoto, nous révèle comment, pourquoi Slam Dunk nous a autant ébranlé...
Car Slam Dunk, avant d'être un manga exceptionnel, est un manga qui a révolutionné le monde du Shônen - sportif. Lorsqu'on voit combien d'œuvres s'en sont inspirées (à certains moments on parle même de plagiat), on se rend compte que c'est un manga de référence. Et un grand, qui plus est.
Inoue, lorsqu'il commence son œuvre - la première à avoir eu beaucoup de succès - est confronté à un défi : faire comprendre les règles du basketball aux japonais. Car, comme dit précédemment, le sport favori du Japon à cette époque (et je pense toujours maintenant) est le baseball.
Du coup, pour introduire ce sujet inconnu, il présente Sakuragi. On part sur une simple histoire de relation amoureuse pour finir par des événements assez étranges dans un club de basket - sport dont on ne sait rien.
On peut d'ailleurs voir l'habilité dont a fait preuve Inoue, lors du match Sakuragi - Akagi. En présentant différents cas de figure (p.e. ne pas prendre la balle avec le pied), il réussit implicitement à présenter les bases du sport, tout en faisant avancer l'intrigue.
Car pour vous dire, sachez que Slam Dunk a commencé avant l'apparition du Web. Donc forcément, aucun moyen de connaître les règles du basket (je parle pour les plus jeunes).
Du coup, c'est à travers les yeux de Sakuragi qu'on nous présente un monde autrefois inconnu aux japonais. Ça commence par les bases, les bases, encore les bases. Le tout entouré d'un humour prenant, les blagues et situations comiques s'enchaînant. Car Slam Dunk, c'est drôle. C'est drôle, mais ça ne force pas, l'objectif reste centré sur le basket. Les gags sont souvent les mêmes, mais leur diversité ne les rend pas agaçant. On dit toujours que les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures, ce manga vous dira l'inverse.
Sakuragi, il commence le basket pour plaire à une fille. Pas pour le plaisir de jouer, mais pour le plaisir de se faire remarquer. Et c'est après quelques temps, lorsqu'il se rend compte de la difficulté du sport, qu'il abandonne. Tant pis pour la fille, y'a quand même des limites dans les méthodes de drague.
C'est alors qu'il décide finalement de reprendre, mais par amour au sport auquel il s'est attaché. Peut-être qu'il n'a tout simplement pas voulu abandonner le club qu'il a mis tant de temps à intégrer.
Puis arrive le premier match, contre Ryônan. C'est là qu'on se rend compte du réalisme de l'œuvre. Pas de pouvoirs magiques, pas de rebonds divins, juste les personnages, avec leurs capacités, leur mental, leur énergie. Les graphismes rendent la tâche plus simple : par ses dessins, Inoue rend l'œuvre réaliste et prenante. Les meilleurs plans sont utilisés, de telle sorte à ce que chaque scène soit gravée dans notre esprit.
Intervient après une petite altercation présentant de nouveaux joueurs. Rien de grave, un épisode assez surprenant et original, qui étonne par ses événements et son sujet un peu éloigné du basket. On y découvre une autre face de Sakuragi, jusque-là insoupçonnée. Par la suite, plus de blagues, faut rester sérieux, se concentrer pour gagner. On entre dans le vif du sujet, les matchs et les entraînements intensifs s'enchaînent, tout faire pour ne pas perdre.
La cadence s'accélère un peu, pour nous plonger dans des rencontres prenantes, immergeantes, accompagnés de graphismes de plus en plus exceptionnels, chaque dribble, chaque rebond, chaque panier nous faisant frissonner.
Les matchs s'étalent sur plusieurs tomes, on en finit un que le prochain est déjà en main. Retournements de situation, rebondissements, imprévus, tout est si bien mené que rien n'est prévisible. Chaque match est différent du précédent, on emploie des stratégies différentes, on s'adapte, on fait des erreurs, la guerre devient par moment psychologique, tout joue sur le mental. Les joueurs sont tous imposants, amis comme ennemis. Chacun est valorisé à sa façon, et nul personnage sera invisible durant un match.
C'est tout ça sans vous parler de la dernière rencontre, contre Sannô. Je ne pourrais cesser de palabrer sur cet événement. En 6 tomes, Inoue nous transporte dans un autre univers. Une dimension dans laquelle réaliser l'impossible devient possible, dans laquelle les graphismes s'animent, bougent et agissent avec une fluidité déconcertante. On s'accroche, aux personnages, à la balle, on redoute chaque page, chaque case, chaque bulle. Les frissons s'enchaînent, et lors du climax final, tout devient si prenant que les chapitres s'avalent sans même pouvoir mâcher. De moins en moins de dialogues, de plus en plus de détails, une fin de match qui m'aura fait verser deux-trois larmes.
Takehiko nous transmet facilement sa passion pour le basket à travers Slam Dunk. Que ce soit à travers le réalisme des graphismes, les matchs plus prenants les uns aux autres, l'humour rafraîchissant les moments tendus, la volonté de Sakuragi, et surtout le dernier match contre Sannô, lorsqu'on finit le dernier tome, on regrette d'avoir lu trop vite, de ne pas avoir pu savourer les moments émotifs plus longtemps, de dire au revoir à Shôhoku...
Slam Dunk, ça aura été une lecture intense. Intense, mais pas forcée. Car Inoue ne fait que suggérer au lecteur de continuer. Ce que nous faisons, évidemment. On ne retrouvera que très peu de cliffhangers dans ses chapitres, car ils sont inutiles. Les matchs sont tellement prenant qu'on ne différencie plus les volumes des chapitres...
Bref, Slam Dunk, ce fût un rêve. Et un beau. 4 mois seulement, pour 6 ans en réalité. La perfection, on la touche, on l'effleure, on y est presque. On ne l'atteint pas, mais la distance à franchir est minime.
Fun : 10/10
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Créée
le 24 sept. 2020
Critique lue 638 fois
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