Soul Eater
6.4
Soul Eater

Manga de Atsushi Ōkubo (2003)

Soul Eater est la deuxième série d'Atsushi Ōkubo. Sa précédente (B.Ichi) ne comprenant que quelques tomes, c'est aussi sa première œuvre conséquente avec 25 tomes.


Elle raconte les aventures de Soul et de ses amis, des adolescents en formation dans une école de fauchage d'âmes dirigée par le Shinigami – le dieu de la Mort. Les élèves doivent évoluer en binômes, l'un se transformant en arme (le plus souvent de corps-à-corps) tandis que l'autre, appelé meister, est chargé de le manier. Pour achever leur formation, ils doivent faucher 99 âmes d'humains ayant mal tourné – faisant de ces adolescents des sortes de justiciers plutôt que des faucheurs impartiaux – et une âme de sorcière, afin que l'arme puisse atteindre le rang de Death Scythe, lui conférant l'insigne honneur de pouvoir être maniée par le Shinigami.


Bien vite cependant, leur objectif sera supplanté par un autre d'importance supérieure : contrer la sorcière Médusa qui veut libérer le Grand Dévoreur, un ancien meister emprisonné pour avoir dévoré des âmes d'innocents.



La montée



Schématiquement parlant, l'histoire est des plus classiques et correspond à ce que Wikipédia appelle un nekketsu – que les puristes me corrigent. L'intérêt de Soul Eater réside surtout dans son atmosphère burlesque, sorte de melting-pot de différents folklores ayant trait à l'épouvante saupoudré d'humour. Cet univers est enrichi par un concept phare : la longueur d'âme. Chaque être vivant possède une âme ayant des caractéristiques similaires aux ondes sonores, prenant ainsi au mot l'expression "être sur la même longueur d'onde". Cette longueur d'âme régit le caractère des personnages, leurs rapports (liés à leur capacité à "s'accorder"), leur puissance... L'idée a le mérite d'être originale.


Les personnages sont plaisants à suivre, touchants dans leur démesure et leurs défauts (Black Star persuadé d'être le meilleur, Kid obsédé par l'ordre, Maka studieuse à l'excès...) et évoluant au fil de l'aventure. Ainsi on les verra grandir et gagner en maturité petit à petit, presque sans s'en rendre compte, ce qui change un peu des "Un an plus tard" et autres changements de personnalité d'un chapitre à l'autre.


Enfin et surtout, la série prend son envol avec l'introduction du concept de folie qui deviendra le point fondamental de toute l'histoire. Le Grand Dévoreur en est la première victime, puisque c'est sa paranoïa qui l'a poussé à avaler les âmes d'innocents afin de gagner en puissance. Devenu un monstre, il instille la peur et la folie dans l'esprit des gens. Cela se répercute dans le dessin, avec des décors et des personnages aux formes altérées et un effet crayonné/brouillon des plus efficaces pour illustrer les hallucinations et les accès de démence.



Et la chute



Malheureusement, la série s'essouffle sans qu'on puisse définir avec précision le point de basculement. La faute à la multiplication des personnages secondaires et des forces en présence, à une référence trop systématique à la folie, devenant un concept fourre-tout, à la multiplication des dialogues censés justifier les actions des protagonistes mais qui ne sont finalement pas très cohérents ou difficiles à suivre. Et cette loi héritée de Dragon Ball qui voudrait qu'on aille toujours vers plus de gigantisme. Alors que les premiers combats sont assez clairs, ils deviennent de plus en plus confus, la précision des mouvements laissant place à des explosions en série et des onomatopées prenant les deux tiers de l'espace – tristement ironique quand on se souvient de l'attaque de Hero maniant Excalibur, qui parodiait justement ce genre de travers. Atsushi Ōkubo disait qu'en démarrant Soul Eater, il voulait laisser le plus de place possible à l'improvisation, mais ce procédé finit par montrer ses limites.


Quelques bonnes idées perdurent, comme cet épisode où nos héros progressent dans un livre, permettant quelques effets de mise en scène brisant le quatrième mur. L'humour reste aussi d'actualité et offre quelques bouffées d'air frais en dédramatisant les situations qui commencent à se prendre trop au sérieux, participant à une sorte d'auto-dérision des excès de la série.


Mention spéciale à cette scène du dernier tome où Kid, apprenant la mort de son père, déclame un discours promettant d'être consternant de banalité mais qui est recouvert par les paroles complètement hors-sujet d'Excalibur.


Finalement, en dépit de la volonté de l'auteur de ne pas faire une série à rallonge, on aurait préféré que Soul Eater s'arrête encore plus tôt. Cela lui aurait évité de s'éparpiller et de perdre de vue son arc principal : le Grand Dévoreur. En effet, si son ombre plane sur toute la série, lui-même disparaît après le tome 6 pour ne revenir au centre de l'attention qu'au tome 21... C'est dommage, j'aurais aimé recommander cette série qui, passés ses chapitres d'introduction, démarrait vraiment bien.

Créée

le 5 août 2015

Critique lue 1.4K fois

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