Des gundals, des boobs et du sang
Sun-Ken Rock est une sorte de manga à double-fond. Dès le premier tome, on remarque le dessin exceptionnel de Boichi (qui s'améliorera au fil des tomes), ainsi que les personnages charismatiques et classe, et les bastons ultra-badass qui mettent en avant la musculature et la puissance des combattants. Rien que pour ces quelques caractéristiques, certes banales mais pas forcément maîtrisées dans tous les mangas, Sun-Ken Rock vaut le détour.
Mais ce manga est plus riche et complexe qu'il n'y parait. Toute l'histoire tourne autour du personnage de Ken, le héros, qui évolue au fil de l'histoire au gré de ses rencontres et de ses combats. Chaque tome, chaque nouveau personnage qui croise, le mène à une plus grande connaissance de lui-même. La progression de Ken s'apparente à une sorte de parcours initiatique dont la finalité est de comprendre qui il est vraiment.
De plus, Boichi aborde des thèmes assez peu exploités dans le milieu du seinen comme la bulle financière immobilière qui ronge la Corée, l'exclusion et la haine vécue par les immigrés ou encore le statut de l'État vis-à-vis des gangs et des gundals.
En partant de pas grand-chose, Boichi parvient au fil du temps à proposer une série passionnante et profonde. Il est vrai que le scénario comporte quelques maladresses, que le rythme n'est pas toujours bien maîtrisé et que Boichi abuse parfois de la nudité et du sexe (à la limite du hentai), mais cela ne pèse pas assez lourd dans la balance pour nous faire regretter d'avoir commencé ce manga.
Dans l'univers du Seinen, Sun-Ken Rock se situe clairement parmi les meilleurs et je ne saurais que trop vous le conseiller, autant pour ses qualités plastiques que pour sa mise en scène et son scénario.