Quand les dieux jouent aux apprentis humains

Avec Supergod, Warren Ellis nous balance une version sous acide et apocalyptique de "Et si les dieux existaient vraiment, mais qu’ils nous prenaient pour des fourmis un peu débiles ?". Attention, ici, pas de super-héros qui sauvent des chats dans les arbres : les "dieux" d’Ellis sont des créations humaines incontrôlables qui transforment le monde en un joyeux chaos. En gros, c’est un peu comme donner un bazooka à un enfant de 5 ans.


Le pitch de base est déjà un avertissement : des scientifiques du monde entier décident que c’est une bonne idée de créer des divinités bio-mécaniques ou mutantées pour résoudre les problèmes de l’humanité. Spoiler alert : ça ne résout rien. Mais alors RIEN. Résultat, chaque pays se retrouve avec son propre "superdieu", et le globe devient une gigantesque arène de destruction divine. Ellis pose une question simple mais brillante : "Que se passe-t-il quand les humains jouent à Frankenstein avec des pouvoirs divins ?" Réponse : pas grand-chose de bon.


Graphiquement, Garrie Gastonny livre un boulot solide, mais parfois un peu générique. Les "superdieux" ont des designs intrigants, mais ils ne marquent pas autant qu’on pourrait l’espérer. Les scènes de destruction sont spectaculaires, mais elles manquent parfois d’impact émotionnel. En clair, c’est beau, mais ça manque de la touche visuelle inoubliable qui aurait pu propulser l’histoire encore plus loin.


Côté écriture, c’est du pur Ellis : sombre, cynique, et bourré d’idées brillantes balancées à 200 km/h. Les dialogues sont percutants, et l’aspect pseudo-scientifique donne un vernis crédible à cet univers cauchemardesque. Mais là où le bât blesse, c’est dans le développement des personnages. Les humains sont réduits à des rôles fonctionnels pour faire avancer le récit, et les superdieux eux-mêmes, malgré leurs concepts fascinants, manquent un peu de profondeur. C’est une histoire d’idées, pas vraiment d’émotions.


Supergod est donc une expérience intense, mais parfois un peu trop froide. On admire le chaos, on savoure la noirceur, mais on reste un peu à distance. C’est comme regarder un feu d’artifice de loin : impressionnant, mais pas forcément engageant.


En résumé, si vous aimez les récits de science-fiction qui confrontent l’humanité à ses pires travers avec une dose de philosophie nihiliste et beaucoup de destruction, Supergod mérite votre attention. Mais ne vous attendez pas à être ému : ici, c’est la tête qui bosse, pas le cœur.

CinephageAiguise
7

Créée

le 23 janv. 2025

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