Supergod est le dernier volet de la trilogie « super-héroïque » de Warren Ellis publiée chez Avatar (et Milady Graphics en France) après Black Summer et No Hero.
Si dans Black Summer, Ellis avait bâti sa déconstruction du genre sur le fait que les super-héros sont trop humains et sur le fait qu'ils soient inhumains dans No Hero, il décide de montrer dans Supergod ce qui se passe quand les super-héros se détachent complètement de l'humanité.
Le dessin n'est pas assuré par Juan José Ryp comme sur les 2 premières mini-séries mais par Garrie Gastonny. Il y a également du changement du côté de la narration puisqu'ici toute l'histoire est racontée du point de vue d'un scientifique, qui enregistre un témoignage audio à destination d'un de ses confrères, alors que la ville de Londres semble complètement anéantie. Cette destruction est due à la création de super-héros par des programmes scientifiques d'Etats (ou créé accidentellement par le contact avec des organismes extraterrestres pour le premier) et qui échappent à leurs créateurs pour créer un monde idéal, mais sans se soucier des conséquences sur la planète et les 6,5 milliards d'hommes qui la peuplent ...
S'il y a beaucoup de texte, il y a paradoxalement peu de dialogues, puisqu'il s'agit d'un récit de la fin du monde suite à la folie créatrice de la Science pour créer des dieux physiques.
Les références au monde des super-héros sont nombreuses (par exemple, la genèse de Morrigan Lugus fait référence aux origines des Fantastic Four) et les références religieuses sont bien plus subtiles que ne le laisse penser la couverture. Il ne s'agit d'ailleurs pas d'une attaque contre la religion mais plutôt d'une résurgence des religions païennes supplantées par le christianisme et l'islam en Occident et Orient et d'une mise en application littérale des très anciennes religions asiatiques (confucianisme et hindouisme).
La violence graphique est moins abondante que dans les 2 autres mini-séries, mais reste quand même importante. Les scènes insoutenables vont au delà du simple étalage de tripes, que ce soit dans la représentation des pouvoirs de certains de ces "surhumains" ou dans la description écrite des hommes qui sombrent dans la folie ou dans le désespoir face aux actions de ces dieux incarnés, qui veulent créer un monde meilleur (pour certains) ou tout détruire (pour d'autres).
Un excellent titre, que je conseille aux fans de comics matures et qui veulent réfléchir sur le "complexe de Superman". Une lecture encore plus indispensable que les 2 premiers volets.