Très honnêtement, j’ai mis beaucoup de temps à me décider à prendre ce titre ou non. Puis j’ai mis encore plus de temps à me demander si j’allais le lire ou non. J’aime beaucoup Jeph Loeb, capable du meilleur avec Amère Victoire ou un Long Halloween mais aussi du pire avec Batman : Silence. Le scénariste me laisse donc sceptique, car je ne connais pas du tout ce titre, mais les dessinateurs aussi, surtout Ed McGuinness dont je n’aime pas du tout le travail. Mais les critiques étant plutôt bonnes et même très bonnes, et vu comme je suis faible, je me suis laissé tenter.
Superman et Batman sont depuis leurs débuts les plus grands protecteurs que l’humanité ait connus, mais lorsque Lex Luthor, l’ennemi juré de l’Homme d’Acier, devient président des Etats-Unis, ils sont déclarés, sur son ordre, « ennemis publics numéro un », et doivent échapper à leurs anciens alliés de la Justice League ! Et quand la cousine de Superman atterrit sur Terre, les forces de Darkseid convoitent de près cette nouvelle « arme vivante » kryptonienne !
(Contient les épisodes Superman/Batman #1 à 13 et Superman/Batman Secret Files #1)
Ce premier tome de Superman/Batman se décompose en deux parties, deux sagas de Jeph Loeb avec deux dessinateurs.
Et ce sont justement des dessins dont je vais parler en premier. Dans la première intrigue, nous avons le droit aux traits d’Ed McGuiness. Je n’aimais pas l’artiste, et ce travail ne changera pas mon opinion, bien au contraire. On se retrouve avec un duo de héros shootés aux hormones, tirant la gueule du début à la fin. Chaque nouveau personnage nous invitant à compter celui qui aura le plus d’abdos de dessinés, des muscles partout ! Et l’on sent bien, comme dans Batman : Silence, que Jeph Loeb s’amuse à multiplier les protagonistes afin de faire plaisir à Ed McGuinness. Je comprends que nombreux sont ceux à aimer ce style nerveux et musculeux mais ce n’est pas ma tasse de thé.
La seconde intrigue est à mettre au crédit du regretté Michael Turner. Et c’est déjà beaucoup plus joli, plus agréable pour les yeux. Turner est sans doute l’une des meilleurs artistes à rendre aussi bien hommage à la beauté de Wonder Woman (mon dieu cette beauté), à la puissance de Superman (la chair de poule lorsqu’il se prépare à raser l’armée de Doomsday avec sa vision) ou le côté énigmatique de Batman (avec ce formidable travail sur la cape du héros). C’est très beau, très riche, avec beaucoup de teintes jaune/orange/rouge. Mais à côté de cela, il y a pas mal de défauts, tous les visages sont identiques ! Je pensais que c’était Supergirl qui avait été tué pendant l’attaque de l’Île du Paradis, comprenant mon erreur que grâce à l’annonce du nom de la défunte, c’est pour dire. Le plus gros défaut restant cette impression que le titre ne s’adresse, par les dessins, qu’à des jeunes puceaux en chaleur ! Barda à poil, Supergirl à poil, des strings partout, c’est vraiment dommage et surtout réducteur pour les autres lecteurs.
En somme, les dessins me laissent une mauvaise impression générale, malgré le génie de Turner sur de nombreuses cases.
Et niveau scénario ?
Dans sa première intrigue, Lex Luthor est président des Etats-Unis, première histoire que je lis avec ce postulat là (oui honte à moi !), et découvre qu’un astéroïde, qui est en fait un morceau de la défunte Krypton, fonce sur la Terre. Il n’en faut pas plus pour le plus grand ennemi de Superman pour faire croire aux habitants du monde que tout cela est de la faute de leur héros tant adoré. Ni une ni deux, voilà Superman devenu le plus grand ennemi des Etats-Unis. S’il peut compter sur son fidèle ami Batman, il se retrouve poursuivi par de nombreux méchants de l’univers DC Comics (Grundy, Shiva…), par la garde de Luthor (Captain Atom, Power Girl…) et même la Justice League (Hawkman et Shazam) !
Dans la seconde intrigue, une jeune femme paniquée et nue débarque sur Terre, elle ne parle qu’une étrange langue, celle de Krypton ! Lorsque se présente comme étant Kara Zor-El, il n’en faut pas plus et pas longtemps pour que Superman croit en elle et ce qu’elle dit au point de la défendre bec et ongles. Mais cela ne sera pas le cas des autres et notamment de Batman… Et lorsque Darkseid vient s’en mêler, les choses ne s’arrangent pas.
J’avoue que je me suis laissé prendre par ces histoires. Si la première intrigue est un peu too much dans le sens où les personnages défilent pour permettre à McGuinness de s’éclater à les dessiner, la seconde est plus sympa avec l’arrivée de cette Supergirl et du désordre qu’elle provoque bien malgré elle. Surtout, c’est la relation entre Superman et Batman qui donne son véritable intérêt au titre. La synergie entre ces deux là est limpide et fonctionne à merveille, ils se connaissent par cœur, se font confiance, se défient, se lancent des piques. C’est une vraie surprise de voir le duo si bien fonctionner. Et la narration de Jeph Loeb, notamment avec les couleurs différentes pour les bulles de pensées n’y est pas pour rien.
Bref, si mes doutes sur les dessins se sont confirmés, ceux sur le scénario volent en éclat. J’ai passé un très bon moment à lire ces histoires, et surtout à suivre ces deux personnages, au point d’attendre le second tome avec impatience.