L'Amérique vue depuis le clocher de Woluwe-Saint-Lambert, Belgique.
Tintin en Amérique est le dernier album de la trilogie moralisatrice de Hergé bon élève : après les méchants bolcheviks et les gentils nègres, notre reporter va aller pourfendre l'Amérique matérialiste des années 1930 et son capitalisme débridé.
L'écriture du scénario continue de s'affiner, notamment en reprenant le personnage d'Al Capone déjà évoqué à la fin du tome précédent. Encore un peu trop de rebondissements improbables (et très pratiques !) mais Hergé a définitivement tourné la page de Au pays des Soviets et sa trame aléatoire. Les dessins sont eux aussi plus précis, la composition des planches surtout est de plus en plus cohérente. C'est en bonne voie !
Tintin en Amérique est peut-être l'album le plus agressif de Hergé, avec une attaque systématique de toutes les facettes de l'Amérique capitaliste : l'inefficacité de la police, la toute-puissance du crime, la spoliation des terres indiennes, les excès du matérialisme, la justice expéditive et inefficace (avec le fameux lynchage et le sheriff alcoolique). On sent que Hergé provient d'un milieu conservateur qui désapprouve totalement cette Amrique-là : comparé à Tintin au Congo, ce troisième album perd en fantéaisie et en exotisme, pour se faire davantage dénonciateur (à juste titre ou non, libre à chacun de juger).
Probablement l'album le plus naïf des aventures de Tintin ; certainement pas le meilleur.