Quand Blueberry galope entre les balles et les bisons, le Far West prend feu (mais avec style)

Avec Tonnerre à l’Ouest (1966), Jean-Michel Charlier et Jean Giraud continuent d’imposer Blueberry comme l’anti-héros du Far West par excellence. Ce deuxième tome est un mélange explosif de tension, de complots, et de cavalcades, où chaque page semble crier : "Accrochez vos sombreros, ça va secouer !" Mais derrière la poudre à canon et les paysages poussiéreux, l’intrigue avance à un galop parfois un peu maladroit.


L’histoire démarre sur une querelle entre Apaches et colons, que Blueberry, en bon lieutenant bourru mais idéaliste, tente d’apaiser. Sauf qu’ici, la diplomatie passe rarement avant les revolvers. Pris entre des chefs apaches au bord de l’insurrection et des colons blancs prompts à dégainer, Blueberry doit jongler avec des alliances instables et une pluie de balles pour empêcher un massacre généralisé.


Blueberry, fidèle à lui-même, est un héros aussi courageux que sarcastique. Son flair pour débusquer les traîtres et sa capacité à improviser dans des situations désespérées font de lui une figure fascinante. Cependant, son impulsivité le pousse parfois à des actions qui frôlent l’auto-sabotage, ajoutant une dose bienvenue d’humanité à son personnage.


Les personnages secondaires, bien qu’intéressants, manquent parfois de profondeur. On croise des soldats nerveux, des Apaches farouchement dignes, et des figures d’autorité corrompues, mais aucun ne sort véritablement de l’ombre de Blueberry. Ce sont davantage des éléments du décor que des acteurs à part entière.


Visuellement, Jean Giraud livre un travail impressionnant. Les décors du Far West, qu’il s’agisse des plaines désertiques ou des campements assiégés, sont à couper le souffle. Les scènes d’action, avec leurs chevauchées effrénées et leurs duels tendus, sont pleines d’énergie et de tension. Cependant, le style, encore en évolution à ce stade de la série, manque parfois de la finesse qui deviendra la marque de fabrique de Giraud.


Narrativement, Charlier tisse une intrigue dense, mêlant trahisons, négociations tendues, et action pure. Le suspense est bien géré, et l’escalade des conflits maintient le lecteur en haleine. Cependant, certaines scènes paraissent un peu précipitées, comme si l’histoire galopait trop vite pour son propre bien. Les motivations des antagonistes, bien que crédibles, manquent parfois d’un développement plus poussé.


L’humour pince-sans-rire de Blueberry apporte un contrepoint rafraîchissant à l’atmosphère tendue. Ses répliques cinglantes, souvent dirigées contre ses supérieurs ou ses adversaires, ajoutent une légèreté bienvenue sans jamais nuire à la gravité des événements.


En résumé, Tonnerre à l’Ouest est une aventure palpitante qui pose les bases du style Blueberry : un héros complexe, des intrigues pleines de tensions, et une atmosphère visuellement immersive. Bien que l’album montre encore quelques hésitations dans son rythme et ses personnages secondaires, il reste un western captivant qui promet de belles chevauchées à venir. Une lecture parfaite pour les amateurs de poudre, de poussière, et de sarcasmes bien sentis.

CinephageAiguise
7

Créée

le 19 déc. 2024

Critique lue 6 fois

2 j'aime

Critique lue 6 fois

2

D'autres avis sur Tonnerre à l'ouest - Blueberry, tome 2

Tonnerre à l'ouest - Blueberry, tome 2
Ugly
10

Un récit qui prend ses repères

Cet opus faisant suite à l'album qui a ouvert les portes d'une série mythique, fait avancer l'histoire en permettant encore à Charlier de signer un scénario très dense et plein de scènes intenses et...

Par

le 4 sept. 2020

18 j'aime

10

Tonnerre à l'ouest - Blueberry, tome 2
raisin_ver
9

Critique de Tonnerre à l'ouest - Blueberry, tome 2 par raisin_ver

Blueberry doit atteindre Tucson pour trouver un remède au poison qui dévore le colonel Dickson et tenter d'empêcher que la guerre indienne ne dégénère. L'enchaînement effréné de situations plus...

le 7 avr. 2011

10 j'aime

Du même critique

L'Iris blanc - Astérix, tome 40
CinephageAiguise
7

Peace, amour et baffes gauloises

Astérix, c’est un peu comme un banquet chez Abraracourcix : on y revient toujours avec plaisir, même si parfois le sanglier est un peu moins savoureux que d’habitude. Avec L’Iris Blanc, Fabcaro prend...

le 31 janv. 2025

4 j'aime

La Serpe d'or - Astérix, tome 2
CinephageAiguise
7

Quand Astérix et Obélix découvrent Lutèce

Avec La Serpe d’or (1962), René Goscinny et Albert Uderzo emmènent Astérix et Obélix dans leur première grande aventure hors du village, direction Lutèce. L’occasion de découvrir que les Gaulois ne...

le 20 déc. 2024

4 j'aime