Second tome dans la continuité directe du premier : le racisme du major Bascom envenime l’atmosphère à l’intérieur du fort, celui-ci a dégradé le lieutenant Crowe, métis au sang navajo et retient prisonnier de nombreux chefs indiens. En représailles,
le fort est cerné, à la merci des clans navajos réunis.
Malgré tout, le lieutenant Blueberry se porte volontaire pour tenter de sauver ce qui peut l’être avec une ruse intrépide, comme un coup de poker.
Mais bientôt, chauffé à blanc par un soleil meurtrier, le désert
n’est plus qu’une fournaise chauffée à blanc.
Blueberry est encore une jeune série, et voici un exemple, flagrant, parmi d’autres plus discrets, des trop nombreux doublons image-texte de l’album. Un défaut de jeunesse, d’époque, qui jette quelques poussières dans la fluidité de la lecture, sans en ôter complètement le plaisir.
L’aventure se décompose en trois parties. Après l’isolement du fort, Blueberry est seul le temps d’une longue traversée du désert, seul à Tucson, qu’il trouve abandonnée, à la merci des indiens dont il s’échappe miraculeusement, bravement. Seul pour prendre le temps d’enterrer les trafiquants d’armes mexicains tués par les indiens. Seul de retour au fort déserté pour retrouver Crowe qui l’attend là. Et l’accompagne pour une dernière partie au Mexique, sur la piste du jeune Stanton, survivant du massacre du ranch du premier tome, otage des indiens mescaleros venus semer le trouble. Infime et ultime chance d’arrêter la guerre naissante.
Le Tonnerre à l’Ouest ce sont
ces éclats de colère, de rancœur et de fureur qui grondent
dans les lignes indiennes autant que dans celles des soldats et des civils américains, annonciateurs d’un orage martial sanglant, et contre lesquels le lieutenant Blueberry déploie courage, intrépidité, prudence et réflexion, pour tenter de les retenir, de les calmer. D’éviter le pire.
Jean Giraud continue d’éblouir le lecteur de magnifiques planches de westerns aux paysages immenses et solaires, affine ses personnages encore tant bien que mal, laisse passer quelques défauts, tandis que Jean-Michel Charlier développe son intrigue dense et complexe, faite de nombreux rebondissements inattendus dans une longue aventure, et tient ainsi le lecteur en haleine au rythme effréné des cavalcades d’espoir du lieutenant sur des enjeux majeurs.