Par le biais de la collection America's Best Comics, filiale de DC Comics, le génial Alan Moore imagine, en compagnie de Gene Ha et Zander Cannon, la série Top Ten, publiée entre 2000 et 2001, ainsi que les spin-off Smax et Forty-Niners.
Récompensée à deux reprises par le Prix Eisner, Top Ten s'apparente à une série policière dopée à l'humour noir, où l'apparente légèreté n'empêcherait pas d'aborder des sujets aussi graves que l'inceste ou la pédophilie. Un microcosme totalement barré, où chaque citoyen est un super-héros en puissance, mais où seule la police est en droit de faire respecter la loi.
Si elle n'a pas au premier abord la profondeur d'un Watchmen ou d'un V for Vendetta, Top Ten s'avère finalement pertinente et passionnante, pour ne pas dire foisonnante, poursuivant la réflexion de son auteur sur la justice ou sur la psyché de héros masqués à qui l'on donne généralement les pleins pouvoirs sans trop se poser de question. Des personnages ici nombreux mais immédiatement attachants, que l'on aimerait suivre encore un peu plus longtemps une fois le bouquin refermé.
Une écriture une fois encore soignée servit par le graphisme impeccable de Gene Ha (secondé par Zander Cannon), offrant un superbe cadre à ce récit finalement trop court et s'amusant à ponctuer ses cases de multiples références à la contre-culture. Regroupée en intégrale chez Urban Comics, la série est suivit des deux mini-séries Smax et Forty-Niners, la première illustrée par Cannon, la seconde par Gene Ha.
Deux prolongements fort sympathiques (même si j'ai eu un peu de mal avec le dessin de Cannon), l'un détournant joyeusement l'univers de l'héroïc-fantasy, l'autre revenant sur la création de la ville super-héroïque de Neopolis juste après la seconde guerre mondiale. Une belle façon de faire durer le plaisir procuré par une série attachante et intelligente, qu'il serait criminel de rater.