Trillium de Jeff Lemire c'est une grande épopée de science-fiction et l'histoire de l'union de deux êtres humains brisés par la haine, la violence, la mort et par la solitude. Ce voyage interstellaire en huit chapitres décrit avec mélancolie la fin de la race humaine. Cette petite lumière d'espoir émanant de deux personnes séparées par l'espace et le temps donne au récit une puissance phénoménale.
Mais Trillium ne serait pas aussi marquant et "renversant" sans cette proposition narrative qui joue habilement avec nos repères. L'expérience visuelle est l'une des plus originale, déroutante et immersive qu'il nous ait été donné de voir.
Ce que vous tenez entre vos mains n'est pas un livre rempli de pages, mais un outil narratif essentiel aux intentions de son auteur visionnaire. Comprenez pas là que l'expérience trouve toute sa pertinence dans le maniement du livre en le tournant dans tous les sens en cohésion totale avec ce voyage entre le temps et l'espace. De par le fait, la lecture via un écran d'ordinateur ou autres est largement déconseillée voir carrément proscrite.
L'oeuvre de Jeff Lemire n'est pas sans rappeler le voyage initiatique filmé par Darren Aronofsky dans The fountain ou l'intimisme de 2001, a space odyssey de Stanley Kubrick. On note également qu'Interstellar de Christopher Nolan (oeuvre postérieure) partage certaines similitudes sur la quête des héros et l'aspect métaphysique du récit. De belles références pour chacune de ces oeuvres qui traitent à leur manière des sujets qui vont au-delà de l'imaginaire.
Jeff Lemire au dessin, au scénario et à la couleur (accompagné de José Villarrubia pour cette dernière) nous plonge donc avec la beauté graphique de Trillium dans un chaos harmonieux où la rencontre de deux êtres pourrait ébranler les dernières heures de l'humanité. Une fresque universelle boulversante.
P.s. Avec la bande-originale de Clint Mansell en fond (The fountain), l'expérience apporte un petit plus non négligeable. Le score de Hans Zimmer pour Interstellar pourtant lui aussi valoir le détour.
Avec Trillium, j’ai tenté de raconter une toute petite histoire d’amour, profondément humaine, mais noyée dans un décor cosmique gigantesque. Peindre cette toile de fond a été un plaisir indescriptible.
Jeff Lemire