Les Visions rêvent-ils de moutons électriques ?

Entre 2 critiques de la saga Injustice, j'ai décidé de critiqué un Marvel; et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de La Vision, l'androïde des Avengers (oui je sais on dit SYNTHESOÏDE). La Vision a été en quelque sorte la mascotte des Avengers pendant des années au même titre que Martian Manhunter chez la Distinguée Concurrence (pas de bol il ne sera pas dans le film Justice League) mais il a été délaissé depuis que Brian Bendis a fait ses New Avengers avant d'être reconstruit dans les pages des Young Avengers (sous la forme d'un nouveau personnage). Il est maintenant de retour dans l'équipe principal et ce comics découle directement d'un passage de la version A.N.A.D des Avengers. Vision a décidé d'effacer les émotions humaines qui le perturbait dans ses actions super-héroïques de manière à ce qu'il n'éprouve plus rien pour la Sorcière Rouge (en même temps de la part d'une femme qui l'a réduit en morceau à cause d'une crise de folie, c'est hélas normal). Le comics nous montre donc la Vision nouvelle qui...s'est constituée une famille robotique dans une ville paisible

Meilleur comics de ANAD Marvel ?

C'est ce qu'on arrête pas de répéter depuis le début : "meilleur comics Marvel depuis des années". Et il y a de quoi. L'histoire écrite par Tom King à qui l'on doit la série Grayson chez DC (assez oubliable même si ça reste correcte dans l'univers de Batman) dénote à coté des autres productions plus commerciales (il y a bien Black Panther et Doctor Strange qui relèvent le niveau, mais les ANAD Avengers de Waid sont moins bons que ceux d'Hickman, Dan Slott dont j'ai toujours défendu son travail sur Spider-Man n'arrive pas à donner une direction pertinente, à moins que Dead No More change la donne, les X-Men non plus, les Inhumains sont surexploités et Civil War II qui est...Civil War II). Déjà on sent que l'auteur veut faire une version Marvel du roman de Philipp K.Dick. En effet, on a la Vision qui s'est crée une nouvelle famille et a inventé une femme Virginia et des jumeaux Vin et Viv et programmé pour qu'ils soient sa famille et des femmes et enfants proches des humains mais avec la logique robotique froide. La bande dessinée va bien plus loin et est plus intéressante que l'Homme Bicentennaire de Chris Colombus. La famille se heurte au monde réel qui ne les comprend pas et leurs réactions logiques et froides trouvent très vite leurs limites : Suite à une attaque du Moissonneur (l'un des plus ringards super-vilains de l'univers Marvel), Virginia opère une véritable descente aux enfers et ses réactions humaines vont entrer en contradiction avec sa programmation et menacer l'unité de la famille (on parlera de sa vraie nature dans le prochain tome). Tom King opère vraiment la transformation de l'unité de la famille de plus en plus menacée par les conséquences de la mort du Moissonneur et où chacun réagit différemment : Virginia cache de plus en plus la vérité à son mari et sa réaction immodérée, Viv se pose de plus en plus des questions sur la pertinence de leur réaction après la mort de C.K et Vin se demande si les messages de tolérances humaines peuvent vraiment s'appliquer à lui et Vision...allume de plus en plus de contre-feux dans une situation qui échappe à son contrôle. Je trouve aussi que la narration est bien gérée en prenant la focalisation externe comme vecteur narrative (où dans les comics, il s'agit plus des focalisations internes et 0 qui sont en général la norme). L'histoire est (spoiler) racontée du point de vue d'Agatha Harkness (qui est le seul défaut que j'ai trouvé, l'histoire de sa vision est très mal intégrée dans la saga). Ce qui donne un caché assez cool. Les autres personnages sont très secondaires et satellites. Tout le focus se porte sur la famille, en particulier Virginia, Vin et Viv avec la vision qui est plus secondaire (les choses évolueront dans le tome 2).

Dessins posés

Au niveau du dessin, on a Gabriel Hernandez Walta (qui a eu le prix Hactur pour Aokigahara, la Forêt des Suicides) qui possède un dessin très posé et calme. Dans la mesure où il n'y a pas de scènes d'actions vraiment importante, le découpage est sobre et pas attrayant. Cela va avec la version tranquille et posée digne d'un film de s.f. Les couleurs de Jordi Bellaire sont claires et assez dérangeantes en ce qui concerne la famille Vision, mais aussi par rapport aux être humains avec des teintes assez pales pour les robots qui deviennent plus sombres par la suite. Cela accentue le coté froid du comics. C'est assez agréable à lire mais aussi dérangeant.

Bonne première partie

Bref, cette première partie est un bon comics qui installe bien le drame et prépare bien la catastrophe qui risque de s’enclencher et que redoute les Avengers. La 2e partie qui est plus centrée sur Vision s'annonce passionnante