Grande œuvre pour avenir sombre

Universal war one est actuellement éditée aux Etats Unis par Marvel. Respect. Denis Bajram a accouché de la Grande œuvre de la BD européenne des années 2000.

Le dessin est magnifique : réaliste pour les personnages et les vaisseaux, hyperréaliste pour les décors et les vues spatiales. Attention, Bajram ne crayonne pas un comic privilégiant les scènes d’action, il met en scène et en images un ambitieux roman graphique de science fiction « dure ». Les couleurs sont sombres, à l’image du scénario : sa palette privilégie le noir, brun ou bleu horizon. Le découpage des cases s’adapte au rythme du récit, avec d’extraordinaires scènes apocalyptiques (cf. la fin du tome 4).

Pour ceux qui ironisaient sur la célèbre citation « Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie » de Pascal, qu’ils lisent Bajram et ses prophéties ! L’avenir est obscur, les hommes cruels et Dieu, bien que lent à la colère, frappera ! Nous sommes en 2098, le monde va mal. La Terre s’est donnée un gouvernement mondial, qui entretient une puissante flotte de guerre. La colonisation de l’espace proche a été confiée à des transnationales monopolistiques à la puissance colossale.

Nous suivons six officiers aviateurs punis bénéficiant d’une seconde chance au sein de l’escadrille Purgatory. Dans un premier temps, leurs caractères m’ont semblé caricaturaux : le casse-cou, le lâche, le violeur et la violée, la savant-fou, la fille à papa et la bonne mère. Patience, ils prendront de l’épaisseur au fil du temps.

Parlons du temps qui passe ou qui fuit. L’histoire joue des paradoxes temporels. J’avoue une réticence pour la boucle temporelle, dont le cinéma a largement abusé ces dernières années. Pourtant, la solution de Barjam est élégante. Le temps est immuable : « le continuum espace-temps est un tout cohérent : le temps y est la conséquence de tous les voyages qui y ont lieu et qui y auront lieu un jour », les héros d'UW1 n'ont pas modifié l'Histoire : ils ont leur propre histoire de tout temps. Si leurs actes avaient été différents, l'Histoire aurait toujours été différente de tout temps. Parfait, nous tenons un futur classique. Précipitez-vous !

Février 2019