Les jeux de cirque du "Gouverneur" de Woodbury occasionnent quelques morts sanglantes, puis se retournent contre lui: Michonne parvient à s'échapper, et se venge du Gouverneur en le torturant d'une manière parfaitement jouissive pour le lecteur, avec une mise en images impeccable. Le seul fait que le lecteur se délecte des tortures infligées au fou sadique qu'est le Gouverneur prouve au moins que ce sentiment ne lui est pas étranger, et ici, "Walking Dead" franchit avec succès une nouvelle étape de son examen de la "démoralisation" d'un groupe: oui, on peut jouir de torturer, même un salaud, quand les circonstances rendent la chose supportable. Nous sommes inévitablement renvoyés à l'évidence que d'autres civilisations ont ressenti - ou ressentent toujours - la torture comme licite, et n'ont pas beaucoup culpabilisé pour l'avoir pratiquée. La répulsion de notre civilisation pour la torture est fort limitée dans le temps, et n'a même pas été générale depuis que les Droits de l'Homme se sont imposés comme mode de pensée obligatoire et décent. Voir la Guerre d'Algérie (qui ne remonte pas à l'Antiquité), et ceci pour s'en tenir seulement aux agissements des autorités officielles. Si l'on descendait dans les affaires privées, il est certain que les Droits de l'Homme apparaîtraient comme un catéchisme fort pieux, bien loin du réel.

Le personnage de Martinez pose également un gros problème moral: il risque probablement sa peau en faisant évader Rick et ses amis, et son initiative a des fondements moraux. Plus tard, c'est également pour des raisons morales qu'il va tenter de revenir à Woodbury chercher des femmes et des enfants, et se fait tuer par Rick, qui n'a pas envie de voir rappliquer le Gouverneur. Finalement, Martinez se fait tuer parce qu'il est honnête et compatissant. Et par le héros de la série, en plus. Rick se rend compte de ce qu'il est devenu tueur après s'être cru flic. Martinez et Rick cherchent à sauvegarder les intérêts reproductifs de leur propre "tribu", au détriment de la tribu voisine. La primitivité remonte à la surface des choix éthiques.

Côté sexe, même Rick fait la connaissance d'une petite infirmière, Alice, avec qui il garde certes ses distances, mais qui semble pourtant anticiper un retrait de Lori de la scène, retrait pourtant non encore survenu. Et un jeune couple se voit marié pour de bon (ce qui signifie seulement que le père de la fille est d'accord); quant à la bague de mariage, le fiancé est allé la quérir d'une manière on ne peut plus romantique...

Michonne est toujours impeccable en tueuse infatigable, mais elle semble souffrir d'un problème de personnalités multiples, ce qui inquiète son entourage.

L'épisode dans son ensemble est donc fort tendu grâce à la vengeance de Michonne, à l'invasion du pénitencier par les zombies, et à la menace constituée par le Gouverneur, qui devra être résolue rapidement. Ce super-vilain est une jolie réussite.
khorsabad
7
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le 4 mars 2015

Critique lue 489 fois

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khorsabad

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