Vous en avez marre des zombies ? Vous n’êtes pas fan de bandes dessinées ?
Vous pensez qu’elle ne peut pas vraiment avoir la même charge émotionnelle qu’un jeu, ou qu’un film ?
Moi aussi je pensais ça. Mais ça, c’était avant.
Ce fameux Robert Kirkman m’a mis une claque, bien forte.
J’en ai encore l’oreille qui siffle et la joue qui pique.
1) Ce type sait écrire des scénarios.
Tout est crédible, ou presque, et Robert Kirkman ne s’est jamais encore fourvoyé en glissant vers des facilités scénaristiques ou en sombrant dans une surenchère évènementielle.
L’histoire est construite avec soin et dépeint les évènements d’une façon brutale et tangible.
Et ce qui est exaltant, c’est qu’au fur et à mesure des albums, Robert Kirkman ne dévie jamais de cette intention initiale.
Le déroulement du scénario est aussi imperturbable et implacable que la dure réalité du monde qu’il dépeint, sans jamais s’essouffler, en parvenant toujours à faire rebondir son histoire, à aller de l’avant.
L’évolution des personnages, (physique et morale) est elle aussi sidérante.
2) L’ambiance et l’univers, riches et pourtant issus d’un pitch vu et revu (les zombies).
Ce n’est donc pas un hasard si cette BD se retrouve à la base d’une franchise très forte, forgée de façon admirable.
N’oublions pas que le jeu vidéo éponyme de Telltale est un mètre étalon dans le genre narratif (par contre oublions vite cette triste série télé, un furoncle dans le paysage Walking Dead).
3) Le dessin.
Passé le premier album, dont je n’aime pas le style (ça colle pas à l’univers à mon sens), l’arrivée salvatrice de Charlie Adlard au crayon apporte juste ce qu’il manquait.
Un trait sombre, des jeux de noirs et blanc qui soulignent la noirceur de l’atmosphère, des visages torturés… même si certains gros plans ne sont pas tous réussis (les visages de femmes, notamment), peu importe.
4) Le rythme et l’équilibre sont parfaits : on alterne entre dialogues posés (ni trop ni pas assez), moments calmes et rassurants malgré un sentiment d’insécurité permanent et palpable, et des scènes mouvementées, stressantes, choquantes, sans oublier ces moments totalement silencieux mais très pesants.
Comme dans le jeu de Telltale, on sent perpétuellement que rien n’est acquis, que tout peut basculer n’importe quand, qu’on n’est jamais en sécurité nulle part.
D’ailleurs, cette transversalité, cette projection des codes d’un média à l’autre, c’est très fort et ça nous rappelle que toutes ces équipes ont fait un boulot étonnant.
Au chapitre des reproches, j’ai parfois eu du mal à me rappeler de certains persos, qui était qui à certains moments… mais rien de grave, et puis tout est résumé avant/après dans chaque album grâce à un petit organigramme.
Et pour pinailler, on pourrait dire qu’un ou deux personnages s’approchent parfois de la caricature, mais ça passe bien.
Je vous le dis, cette œuvre est d’une grande qualité.
Passé le tome 1 (sympa sans plus), ça ne s’arrête plus.
Et pour peu qu’on ne se soit pas bêtement spoilé la tronche en lisant certaines critiques, ou en allant fureter sur le net (faites attention, la moindre image peut spoiler et ce serait vraiment dommage, regardez tout ça APRES avoir parcouru la BD) et bien on prend une claque.
On se sent concerné, on la vit, on oublie qu’on lit une BD.
C’est puissant et ça vous marque au fer rouge.
PS : bien entendu, j’attends les albums suivants avec impatience et je mettrai ma critique à jour si nécessaire, en priant pour ne pas avoir à retoucher la note.
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