"C'est nous, les mort-vivants."
Il faut se faire une raison : le zombie n'est pas la créature fantastique la plus sexy. Loin s'en faut : manquant totalement d'ambition autre que l'appétit féroce qu'il développe pour notre bonne vieille chaire bien vivante, il ne parvient pas réellement à se renouveler. Et ce n'est pas faute d'essayer, mais rien à faire, la sauce ne prend que trop rarement par rapport au nombre d'oeuvres écumant le sujet. Le schéma type d'une histoire mettant en scène du zombie revient à un groupe de survivants, forcés par les circonstances à se rendre d'un point A à un point B. Souvent en chemin, ces derniers prennent conscience que l'être humain est plus dangereux que le hobo revenu d'entre les morts et résultat, on court entre hordes assoiffées de chair et groupuscules assoiffés de sang. Certes, certains films parviennent, sans changer le canevas de l'histoire zombiesque, à donner un spectacle agréable, mais rien à faire, c'est toujours pareil.
Walking Dead, ce n'est pas le renouveau de l'histoire de zombies, loin s'en faut : Rick, ancien flic, prend la tête d'un petit groupe de survivants et va tenter, coûte que coûte, de les protéger des dangers d'un monde où le mort-vivant est roi. Mais Walking Dead a deux atouts pour lui. Déjà, la cohérence de son univers, le réalisme avec lequel est abordé l'histoire, et la décision ferme de se rapprocher le plus scrupuleusement de la psyché de ses personnages. L'intention n'est pas d'essayer de prouver les connaissances en psychologie de l'auteur : l'idée est plus de porter aux nues les émoluments d'une personnalité poussée à son paroxysme. Chaque personnage doit faire face au changement drastique de son univers et à la mort ambiante qui frappe ses proches. Si les deux premiers tomes narrent du zombie tel qu'on le connaît, les suivants changent la donne, placent le récit dans un désir d'être farouchement sédentaire et commencent à organiser la survie. Dès lors, la place de la morale commence à se faire ressentir et les décisions à prendre sont dures.
Mais dures... résolument, ce n'est pas à mettre entre toutes les mains et si les personnages parviennent toujours à redorer le blason de l'humanité au terme de longs discours, dans les actes, on aperçoit un univers violent, sans morale, sans justification. C'est le deuxième atout du comics : il n'y a pas de limites aux situations. Il n'y a pas de tabous dans les épreuves que subissent les personnages. Rien ne nous est épargné, tout le monde peut mourir, ou pire, péter un plomb si fondamental qu'il opère un voyage sans retour. Et même le héros n'est pas à l'abri, loin de là : affecté, moralement détruit, il agit, toujours plus loin, repousse ses propres décisions morales.
Non, désespérément, ce monde est d'une brutalité sans bornes, mais qui sert un récit sans concessions, qui ne cache qu'un minimum au lecteur et montre qu'effectivement, les évènements changent les gens, les changent d'une manière dont il n'est pas aisé de la gérer, même dans un monde apocalyptique. Ne vous attachez à personne, ne regardez pas en arrière et... faites du mieux pour survivre.
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